4ème dimanche de Pâques, homélie de frère Marie
Trois mots, trois images, accompagnent les lectures de ce dimanche : pasteur, agneau et brebis.
Le pasteur, le berger est celui qui conduit, qui veille et qui prend soin. L’agneau est celui qui est offert, qui donne sa vie, qui devient signe. La brebis est celle qui se laisse guider, qui se laisse soigner, qui reconnaît la voix de son berger.
En Jésus les deux premières images coïncident. Il est à la fois berger et agneau. Jésus est le bon, le vrai berger. Le vrai berger à un mandat, une mission. Jésus est l’envoyé du Père, il n’est pas que le porte-parole, il en est la Parole de vie et d’amour donnée au monde. Il ne prend pas possession de la bergerie n’importe comment, il entre par la porte étroite qui est le don de soi et il appelle, il attire vers celui qui l’a envoyé. Il se donne comme agneau pur et innocent pour vaincre le mal et la haine qui empoisonnent le monde, les vaincre à la racine. L’Agneau est sans violence et cependant c’est lui qui porte l’étendard de la victoire.
C’est parce que Jésus est l’expression de l’amour inconditionnel du Père que Jésus aime les êtres humains de la même manière, jusqu’au don de sa vie. Don de sa vie qui n’est pas qu’un passage par la mort, mais qui est victoire de la vie sur la mort, de l’amour et de la vérité sur le mal.
C’est par ce don qu’émerge une nouvelle communauté qui efface les privilèges religieux et les murs de séparations entre nations. J’ai d’autres brebis, dira-t-il, qui ne sont pas de cette bergerie. Il est venu pour tous, personne qui désire la vie ne peut se sentir rejeté. C’est parce que nous sommes aimés de façon inconditionnelle par le Père et par Jésus que nous sommes appelés par vocation à tant aimer, à travers les diverses situations auxquelles nous sommes confrontés au cours de nos vies. Mais c’est l’amour du Christ qui nous tire et qui nous interpelle car le plus souvent nous ne savons pas comment faire.
La pensée du don de soi nous effraie, elle est souvent liée à une sorte d’idée de dépossession ou de sensation de mort. Oui, dans son don Jésus est passé par la mort, mais la mort de Jésus est un passage vers la vie, elle est élévation, une victoire, elle est retour vers le Père, elle produit un fruit de réconciliation ; si vous êtes mes disciples nous dit Jésus vous porterez beaucoup de fruits, oui des fruits de vie. La vie du Christ fait de notre vie une vocation et toute vocation passe par le don de soi, un oui guidé par le oui de Jésus. Il est aussi porte et chemin.
Jésus nous fait partager sa mission, celle dont nous investit le baptême en Jésus Christ. La mission qui est de tendre à travers une écoute, une obéissance à sa parole et à son Esprit, tendre à une unité de vie avec lui. Mission qui est de manifester la réalité de Dieu au sein du monde. Unité qui nous fait tendre à nous rapprocher les uns des autres, à être des artisans de paix.
On pourrait se demander pourquoi tant de baptisés ne manifestent plus grand-chose ou plus rien de cette réalité de Dieu au sein de leur vie ou dans le monde, ou vivent dans une forme d’oubli. C’est que la vie baptismale n’est pas automatique, ce n’est un simple code barre ou QR code. Le baptême est un lien, une alliance. Un lien qui s’apprend, s’expérimente, un lien qui doit s’entretenir, non de façon formelle, mais dans un désir de Dieu, dans l’écoute de cet appel permanent qui résonne au secret de notre cœur et qui est relayé par l’Esprit Saint en Eglise. On oublie que le baptême avant même d’être un engagement de la communauté ou de la personne, est avant tout un engagement de Dieu envers nous, une présence indéfectible à nos vies, un appel constant à réveiller cette relation, oui ils nous arrivent d’oublier ce don. Mais est patient, attentif à nos moindres mouvements de cœur, persévérant. Le bon pasteur lui, ne nous oublie pas, il crie notre nom, il nous réveille.
Connaître chacun par son nom c’est connaître ses dons, sa mission, ses fragilités, connaître aussi son histoire. Le bon pasteur connaît tout cela, il nous aime ainsi. Mais s’il fait retentir notre nom, s’il nous appelle à le suivre, c’est pour que notre histoire ne s’arrête pas là, rien ne peut nous arracher de sa main, nous dit-il. Nous ne sommes pas de simples brebis qui suivent docilement un troupeau, nous sommes les témoins du Christ, des témoins qui engageons notre liberté, des témoins du don de sa vie d’Agneau pour le salut du monde.