logo fond

Index de l'article

Dimanche du Christ Roi de l'univers, homélie de frère Marie

 

La liturgie d’aujourd’hui nous porte à célébrer un règne, non pas la nostalgie d’une structure de société révolue, mais le règne du Christ.
La préface de la messe définit la nature de ce règne, sans équivoque : règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté, règne de justice, d’amour et de paix.
Jésus est le Roi pacifique, Réconciliateur universel, venu non pour être servi mais pour servir, Lui qui est Maître de toute créature et qui manifeste cependant aux hommes l’exemple de l’humilité. Cette humilité qui va de pair avec la compassion et la miséricorde. Lui qui nous a aimé et nous a délivré de nos péchés par son sang.
« Nous enseignons aux chrétiens, nous dit st Paul, la sagesse de Dieu, mystérieuse et demeurée cachée, que Dieu avant les siècles, avait d’avance destinée à notre gloire. Aucun des princes de ce monde ne l’a connue, car s’ils l’avaient connue, ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de gloire.»
La royauté du Christ met en lumière la Sagesse de Dieu qui redonne à l’homme son entière dignité, en l’introduisant à nouveau dans sa communion de vie et d’amour. La royauté du Christ dessine la royauté de l’homme, celle des fils de Dieu. Cette Sagesse s’est incarnée pour se faire notre berger, ce berger qui nous conduit par les justes chemins, ceux qui conduisent à la vie.
Notre berger a traversé les ravins de la mort, ces ravins de la mort que sont les chemins dangereux et sinueux de notre humanité défigurée, désorientée. Humanité désorientée qui se fait souffrir elle-même ainsi que la création qui l’entoure et qui cependant est en quête de bonheur. « Qui nous fera voir le bonheur ? » interroge un psaume. Cette quête de bonheur qui peut éveiller des gestes de solidarité et de miséricorde là où on ne les attend pas, au cœur de la violence ou de l’indifférence, comme se laisser interpeller par un étranger, venir en aide à quelqu’un dans le besoin, immigré ou voisin. Ces gestes sont comme de petites graines cachées du Royaume qui manifestent la quête et le désir de l’humanité face à l’absurde ou la violence.
Le Christ bon berger nous ouvre sur les profondeurs et les grandeurs de notre humanité, celles qui resplendissent en lui dans sa totale communion avec le Père.
Un Roi, un royaume, a besoin de serviteurs. Ses serviteurs le Christ les appelle amis, car il leur fait connaître tout ce qu’il tient de son Père. Il nous partage tout.
Prendre sur nous son joug, c’est mettre nos vies dans son éclairage, nous laisser imprégner par l’Esprit Saint qui l’anime, nous laisser interpeller par ses enseignements. Quiconque écoute ma voix, dit-il, appartient à la vérité, vérité qui n’est pas une théorie, mais un appel, un appel qui touche les profondeurs de l’homme à se tourner vers la bonté et la lumière divine. Qu’est-ce que la vérité ? répondait Pilate à Jésus.
Cette vérité se trouve dans la clarté de la vie de Jésus, vie sans aucun pacte avec le mensonge, sans aucun pacte avec la violence ni avec toute forme de mal. Clarté dans une vie sans fermeture sur le don, une vie manifestant la bonté divine tournée vers le bien de l’autre, telle est la vérité dont Jésus est le témoin et l’envoyé.
L’évangile de ce jour nous exhorte, à manifester un cœur de chair et non de pierre ou d’indifférence, envers nos frères et sœurs en humanité, surtout envers ceux qui sont dans le besoin et la peine. A la lumière de cet évangile nous pouvons en écho rapprocher cette parole de Jésus : « Ce n’est pas moi qui vous jugerai, mais c’est la parole que je vous ai dite qui vous jugera. » La manière dont nous l’aurons incarnée en vérité dans nos vies.
C’est par ce chemin de vérité que le Christ nous achemine vers la Gloire, qu’il fait de l’Eglise, dont nous sommes les membres, la manifestation même de son Règne.
L’Eglise n’est pas avant tout cette structure de pouvoir sur laquelle les médias focalisent , mais une vie à vivre, appel de tout homme, femme unis par la foi à la vie du Christ. Et nous savons à quel engagement, à quel labeur cela nous entraîne, c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que tous vous reconnaîtrons comme mes disciples.
Oui, le règne du Christ opère en chacun de nous une division salutaire, il sépare lumière et ténèbres, haine et amour, mensonge et vérité, et ce ne sera jamais par nos seules forces que le règne du Christ s’établira en nous, mais bien par la puissance de sa grâce et de son amour, par sa puissance de réconciliation, œuvre du patient labeur de son Esprit Saint en nous.