27ème dimanche A, homélie de frère Bartomeu
Chers frères et sœurs, nous pourrions dire que Jésus était bien méditerranéen comme nous. Alors que nous avons fini les vendanges il y a quelques semaines, aujourd’hui c’est le troisième dimanche où, dans son enseignement en paraboles, Jésus nous parle d’une vigne. En plus aujourd’hui nous en a parlé déjà aussi le prophète Isaïe, et le Psaume nous en a fait une prière.
Il y a deux semaines, dans l’évangile, « le maître d’un domaine sortait dès le matin afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne. » Dimanche dernier, un homme qui avait deux fils disait d’abord à l’un puis à l’autre : « Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne. »
Et aujourd’hui, dans la troisième parabole, un homme qui était propriétaire d’un domaine, qui avait planté une vigne, l’avait entourée d’une clôture, y avait creusé un pressoir, y avait bâti une tour de garde, avait loué cette vigne à des vignerons, et était partit en voyage, « quand arriva le temps des fruits, il envoya ses serviteurs auprès des vignerons pour se faire remettre le produit de sa vigne. » Voici que le temps des vendanges est arrivé et il faut bien que les vignerons remettent le produit de sa vigne au propriétaire du domaine.
Quelle est cette vigne ? Qui sont ces vignerons ? « La vigne du Seigneur de l’univers – nous a dit le prophète Isaïe – c’est la maison d’Israël. » Et, dans le langage des paraboles, nous sommes les ouvriers embauchés dès le matin, vers neuf heures, vers midi, vers trois heures, ou même seulement vers cinq heures du soir, nous sommes les fils à qui le père dit : ‘Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne’, nous sommes les vignerons auxquels il a loué cette vigne et desquels il attend qu’ils lui remettent le produit de sa vigne.
Ces paraboles parlent de nous. Et que nous disent-elles ? Que même si nous ne sommes allés travailler à la vigne qu’à cinq heures du soir, nous aurons la pièce d’argent, salaire d’une journée, parce que le maître du domaine est bon, que même si nous avons répondu au père : ‘Je ne veux pas’, nous pouvons nous repentir et aller encore travailler à la vigne.
Mais il faut à la fin que nous remettions au propriétaire le produit de sa vigne. Qu’il n’ait pas à nous dire : « Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? J’attendais de beaux raisins, pourquoi en a-t-elle donné de mauvais ? » Il nous a envoyé même son fils ! La parabole, qui dans le récit de l’évangile fait partie des controverses de Jésus à Jérusalem qui mèneront à la passion et la mort de Jésus, a aussi une lecture dans laquelle nous en sommes les destinataires.
Notre responsabilité est grande : « À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup : à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage » (Luc 12,48). Qu’il n’ait pas à nous dire : « Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à d’autres qui lui feront produire ses fruits. »
Mais voici que, dans notre faiblesse, le psaume nous a donné les paroles de notre prière : « Dieu de l’univers, du haut des cieux, regarde et vois : visite cette vigne, protège-la, celle qu’a plantée ta main puissante. Jamais plus nous n’irons loin de toi : fais-nous vivre et invoquer ton nom ! Seigneur, Dieu de l’univers, fais-nous revenir ; que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés. »