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3ème dimanche B, homélie de frère Marie

Mc 1, 14-20 ; Ps 24 ; Jo 3, 1-5.10 ; 1 Co 7, 29-31

Au cours des âges la connaissance du monde et de l’univers a changé. Nous savons que l’humanité se trouve embarquée dans une seule et même barque, nous habitons une seule et même maison commune, comme aime à le répéter le Pape François. Force, nous est de constater, qu’il ne suffit pas d’être dans la même barque pour être solidaires les uns des autres. Tant de fractures et de divergences divisent la fraternité humaine. Le seul trait commun que l’humanité a toujours constaté malgré elle, est celui de notre finitude. Ne nous y trompons pas : il passe ce monde, tel que nous le voyons, nous rappelle St Paul.
La parole de Dieu vient nous ouvrir les yeux du cœur et de l’esprit sur un monde que nous ne voyons pas. Le monde de la Bonne-Nouvelle, l’Evangile que le Christ proclame. Cette bonne nouvelle est une parole de bénédiction pour tout homme, elle est porteuse de notre bien.
Une première ouverture se trouve dans la prédication de Jonas. Jonas est envoyé à Ninive, cette ville païenne dans laquelle évolue le mal et sa proclamation prend la forme de l’annonce d’un châtiment : Encore quarante jour et Ninive sera détruite. L’annonce peut paraître abrupte. Mais quarante jours ce n’est pas de l’immédiat, quarante jours représentent l’espace de la miséricorde divine, l’espace d’une écoute, d’un désir de salut.
Nous avons là une illustration de l’alliance renouvelée par Dieu à la sortie du déluge : « Je ne maudirai plus jamais le sol à cause de l’homme. Certes le cœur de l’homme est porté au mal dès sa jeunesse, mais jamais plus je ne frapperai tous les vivants comme je l’ai fait…Dieu dit : Je vais établir mon alliance avec vous…et avec tous les êtres vivants ». Il suffit d’une seule journée pour que ces païens de ninivites se convertissent et fasse pénitence, y compris les animaux. Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive ; le livre de Jonas nous dit que Dieu est miséricorde et cette miséricorde est universelle. L’Amour de Dieu ne connaît pas la ségrégation et la première ouverture à laquelle nous sommes appelée est de faire notre cette bienveillance divine qui veut la vie de tout homme, une vie sur laquelle repose la bénédiction inscrite au cœur de la création. Oui, il y a du mal dans le monde, dans le cœur de l’homme, mais la parole de Dieu vient nous dire que la bénédiction est première et que la miséricorde est destinée à tout homme, car aux yeux de Dieu tous sont appelés à la vie.
C’est que le Christ Jésus nous annonce ; la proximité du règne de Dieu, l’appel à l’accueillir et à en vivre en vérité.
Cette bonne nouvelle du Christ est comme un souffle qui vient ranimer les braises de notre espérance et de notre désir, enfouies sous les cendres de ce monde qui passe.
Oui, le feu de l’espérance qu’il allume dans le cœur de Simon, d’André, Jacques et Jean, est le même feu qu’il allume dans nos cœurs, un feu qui nous fait changer de statut. Nous devenons à la suite du Christ des pèlerins du règne divin en ce monde, des migrants et des messagers de la bonne nouvelle. Notre pèlerinage prend son temps, il nous faut des étapes, de la patience envers nous-mêmes et envers les autres, mais il faut surtout toute la patience et la miséricorde du Christ pour nous guider, nous accompagner, pour nous relever. Il faut que l’Esprit Saint façonne nos cœurs pour nous pousser à l’aventure.
Jésus passe en ce monde, il est venu lumière dans d’en haut dans le mystère de la naissance, dans le mystère de la chair, dans la disparition de la mort, et il resurgit dans le passage de la Pâque, dans la lumière de l’Esprit.
Cependant Jésus ne passe pas comme le monde passe, ou comme nos vies semblent passer, non, Jésus demeure en nos vies, il nous fait passer avec lui. Là se trouve toute la dynamique de ce royaume des Cieux auquel nous participons en tant que coopérateurs, et qui nous rend dépositaires d’une bonne nouvelle et d’une bénédiction à faire entendre en ce monde. A faire voir par notre conversion, par nos vies, et par ce que nous croyons.