Jeudi Saint, homélie du P. Abbé Vladimir
Chers Frères et Sœurs,
Les 3 lectures que nous venons d’entendre ont en commun de nous inviter non à une simple répétition mais à une célébration et une actualisation du salut. Elles nous invitent à nous ouvrir au salut qui nous est donné à travers des gestes et des paroles du Christ que nous rapportent les Écritures. Elles nous proposent de recevoir la charité et la vie qui viennent de Dieu.
« Ce jour-là sera pour vous un mémorial » dit déjà le passage de l’Exode que nous venons d’entendre. « Vous devez vous laver les pieds les uns les autres » dit le Seigneur Jésus dans l’Évangile et Saint Paul nous rappelle les mots mêmes du Christ instituant l’Eucharistie : « Faîtes cela en mémoire de moi ». Nous ne sommes pas réunis ce soir en communion avec toute l’Église pour célébrer le passé mais pour vivre une grâce toujours nouvelle, toujours vivante et agissante.
Et voici que ce soir nous célébrons la chose la plus étonnante du monde, celle qui renverse toutes les barrières et abat tous les murs de séparation. La nuit où il était livré, alors que le diable avait déjà mis dans le cœur de Judas l’intention de le livrer, au moment où la puissance du mal semblait atteindre son maximum, le Seigneur Jésus aimant jusqu’au bout se donne totalement pour unir les hommes à lui et les rassembler. Au cœur de la célébration de la Pâque que la lecture de l’Exode évoque, il accomplit la loi, il fait toutes choses nouvelles et vient pour libérer définitivement les hommes de la haine, de la violence et de toutes les passions. Il donne son corps qui est pour nous. Il institue la nouvelle Alliance en son sang puisque c’est par amour pour nous qu’il va le verser. Il dépose ses vêtements et manifeste pleinement qu’il est serviteur, prêt à déposer sa vie pour ses amis, pour tous les hommes. C’est bien le même mystère qui est révélé par l’institution de l’Eucharistie et celle du lavement des pieds. En rétablissant la communion le Christ fait de nous un corps, son corps. En déposant son vêtement, le sauveur annonce qu’il est déjà en train de passer par la mort pour nous donner la vie. Et c’est cette vie donnée par Dieu qui nous unit à lui et les uns aux autres . Voilà ce qui surgit au cours de cette nuit où le Seigneur va être livré à ceux qui croient pouvoir le détruire. Voilà ce que nous, les chrétiens, célébrons à chaque eucharistie en en recevant le fruit, proclamant la mort du Seigneur comme gage de son amour jusqu’à ce qu’il revienne.
Mais ce soir, nous le célébrons d’une manière toute particulière en y associant le lavement des pieds qui est à la fois sacrement du service et du pardon des péchés. Avoir part avec Jésus, c’est à la fois accueillir la réconciliation qui vient de Dieu et nous mettre au service les uns des autres dans le même élan d’amour total que lui. Il y a dans l’eucharistie, un exemple, une règle de vie qui est celle du don de soi-même pour le service et celle du partage. « Si nous savons cela, heureux sommes-nous pourvu que nous le mettions en pratique ». Voilà que le Sauveur nous montre le chemin pour résister au mal, le chemin de l’amour partagé jusqu’au bout. C’est ce que nous allons signifier par le lavement des pieds.