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3ème dimanche de l'Avent-A, homélie de frère Bartomeu

 

Matthieu 11, 2-11 — Psaume (Ps 145 (146), 7-10)

Chers frères et sœurs, nous venons d’entendre une page étonnante de l’évangile. Jean, au début de son ministère, avait annoncé : « Celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Il vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu » (Mt 3,11). Et quand Jésus était venu de Galilée jusqu’au Jourdain pour être baptisé par lui, il avait voulu l’en empêcher et disait : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi ! » (Mt 3,14).
Et voici que maintenant, alors que, dans sa prison, il entend parler des œuvres réalisées par le Christ, Jean lui envoie ses disciples et, par eux, il lui demande : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Voici un Jean qui doute, qui semble n’être plus sûr de ce qu’il avait annoncé, de ce qu’il avait proclamé.
Alors qu’en ce temps de l’Avent notre regard et notre cœur sont tournés vers « celui qui doit venir », il faut que nous faisions nôtre l’expérience du Baptiste, que nous faisions nôtre sa demande, pour pouvoir recevoir la réponse de Jésus.
C’est l’épreuve de la foi, une situation que nous pouvons peut-être vivre nous aussi. Nous avons proclamé notre foi, nous avons vécu notre foi dans l’Église, nous avons ressenti la joie de notre vie chrétienne. Et puis nous faisons l’expérience que, dans notre vie et dans celle de l’Église, la réalité est loin de l’idéal. Et la demande de Jean monte aux lèvres de notre cœur : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
Écoutons la réponse de Jésus aux disciples de Jean : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! » Les aveugles, les boiteux, les lépreux, les sourds, les morts… voici ceux à qui s’adresse le Christ : ce sont les pauvres ceux qui reçoivent la Bonne Nouvelle.
Faisons nôtres les paroles du psaume que nous avons entendu : « Le Seigneur fait justice aux opprimés, aux affamés, il donne le pain, le Seigneur délie les enchaînés. Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, le Seigneur redresse les accablés, le Seigneur aime les justes. Le Seigneur protège l’étranger, il soutient la veuve et l’orphelin. » Ce n’est pas la splendeur extérieure ce qui fait l’Église, mais les pauvres de cœur (Mt 5,3).
Et, après avoir dit que Jean est bien plus qu’un prophète et que parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste, Jésus ajoute : « et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. » Or les « plus petits » dans le langage de l’Évangile ce sont les disciples de Jésus. « Celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense » (Mt 10,42). « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits » (Mt 11,25).
Oui, c’est lui celui qui doit venir, et nous ne devons pas en attendre un autre. « « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. »