Solennité de Ste Marie-Madeleine, homélie de frère Bartomeu
(Jn 20, 1.11-18 ; 2 Co 5, 14-17)
« Ressuscité le matin, le premier jour de la semaine, Jésus apparut d’abord à Marie Madeleine » (Mc 16,9). C’est ce que, de manière très concise, nous lisons dans le résumé qui clôt l’Évangile selon saint Marc : « Jésus apparut d’abord à Marie Madeleine. » Nous le lisons en fait aussi dans les trois autres Évangiles. Et c’est le fait qu’elle s’est trouvée être le premier témoin de Jésus ressuscité ce qui a donné une importance toute spéciale à Marie Madeleine. L’oraison au commencement de cette liturgie le reprenait : « Seigneur Dieu, c’est à Marie Madeleine que ton Fils unique a confié la première annonce de la joie pascale. »
Dans l’Évangile selon saint Jean nous avons entendu tout à l’heure : « Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau… » Et à la fin Jésus lui disait : « “Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.” Marie Madeleine s’en va donc annoncer aux disciples : “J’ai vu le Seigneur !”, et elle raconta ce qu’il lui avait dit. » C’est pourquoi elle a été appelée l’Apôtre des Apôtres.
Et nous pouvons nous demander : comment se fait-il que Jésus soit apparu d’abord à Marie Madeleine ? En fait, si elle a été le premier témoin de Jésus ressuscité c’est parce qu’elle s’était trouvée aussi parmi les derniers témoins restés auprès de Jésus près de la croix. Alors que « tous les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent » (Mt 26,56), « près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie Madeleine » (Jn 19,25). Et lorsque Jésus avait été déposé dans le tombeau, « Marie Madeleine et Marie, mère de José, observaient l’endroit où on l’avait mis » (Mc 15,40-47). Après quoi, « le sabbat terminé, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des parfums pour aller embaumer le corps de Jésus » (Mc 16,1). Chaque fois nous avons les noms de plusieurs femmes, mais Marie Madeleine est la seule que nous trouvons chaque fois.
Elle est celle qui « se tient près du tombeau, au-dehors, tout en pleurs. » Ce sont d’abord les anges qui lui demandent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » Et c’est ensuite Jésus lui-même qui lui demande : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? ». « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a déposé. » « Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as déposé, et moi, j’irai le prendre. » Elle est celle qui pleure, celle qui cherche.
Et la réponse qui lui ouvre les yeux est l’appel de son nom : « Marie ! » Comme s’il reprenait ce que nous lisons dans le livre d’Isaïe : « Ainsi parle le Seigneur, ne crains pas, je t’appelle par ton nom… » (Is 43,1). À quoi elle répond : « Rabbouni !, c’est-à-dire: Maitre », en araméen, ce que, dans le texte de l’évangile écrit en grec, dit la familiarité.
Que Marie Madeleine soit pour nous comme une parabole : il nous faut être auprès de Jésus près de la croix pour devenir les témoins de Jésus ressuscité, qui nous appellera par notre nom. « Car – comme nous l’a dit l’Apôtre Paul – le Christ est mort pour tous, afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux. » Notre vie non plus centrée sur nous-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour nous. Marie Madeleine nous en est l’apôtre.