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21e dimanche du Temps Ordinaire – C, homélie de frère Bartomeu

 

Chers frères et sœurs, dans la liturgie il y a un petit trésor qui souvent passe peut-être inaperçu : la prière d’ouverture de la célébration de l’eucharistie, qui est – ou devrait être – une école de prière.
Le texte de ces prières, concis, ramassé, nous demande une attention spéciale, mais nous offre des formulations denses, faciles à retenir et à médi-ter. Et puisqu’elles reviennent une année après l’autre, et même plusieurs fois, elles nous deviennent familières et nourrissent notre foi et notre piété. Quant à nous, les moines, nous les entendons non seulement en la célébra-tion de l’eucharistie mais aussi aux heures de l’office. C’en est de même pour ceux d’entre vous qui passent quelques jours à l’hôtellerie du monastère et peuvent ainsi participer à notre prière.
Reprenons celle qui a ouvert notre liturgie tout à l’heure. « Dieu qui peux mettre au cœur de tes fidèles un unique désir, — donne à ton peuple d’aimer ce que tu commandes et d’attendre ce que tu promets ; — pour qu’au milieu des changements de ce monde, nos cœurs s’établissent ferme-ment là où se trouvent les vraies joies. »
Jésus, dans sa marche vers Jérusalem, nous a dit que nous devons nous efforcer d’entrer par la porte étroite, car beaucoup chercheront à entrer et n’y parviendront pas. Cet effort d’entrer par la porte étroite ne demande-t-il pas que nous ayons au cœur – comme disait la prière – un unique désir : aimer ce que Dieu commande et attendre ce qu’il promet ?
Un inique désir… Avec un psaume nous demandons : « Unifie mon cœur pour qu’il craigne ton nom » (Psaume 85,11). C’est que nous vivons – comme le disait encore la prière – au milieu des changements de ce monde, et cela nous le ressentons peut-être tout particulièrement de nos jours. Et nous aspirons à ce que nos cœurs ne soient plus ballotés au milieu des changements de ce monde, mais puissent s’établir fermement là où se trou-vent les vraies joies.
Cet unique désir que Dieu peut mettre au cœur de ses fidèles, avoir un cœur unifié par la crainte de son nom, c’est ce qui fera que nos cœurs puissent s’établir fermement là où se trouvent les vraies joies.
Saint Benoît parle de ceux qui n’ont rien de plus cher que le Christ, qui aspirent ardemment à la vie éternelle, et qui pour cela prennent la voie étroite dont parle le Seigneur : “Étroite est la voie qui conduit à la vie” (Règle de saint Benoît 5,2 et 10-11). Voici la porte étroite qui donne accès aux vraies joies. Qu’est-ce qu’avoir un unique désir, qu’aimer ce qu’il commande et attendre ce qu’il promet, si non n’avoir rien de plus cher que le Christ et aspirer ardemment à la vie éternelle ? (Règle de saint Benoît 72,11-12).
Quand notre cœur aura aimé ce que Dieu commande et aura attendu ce qu’il promet, quand nous n’aurons eu rien de plus cher que le Christ, quand cet unique désir aura unifié notre cœur, il pourra alors s’établir fer-mement là où se trouvent les vraies joies, et, avant que le maître de maison puisse nous dire : “Je ne sais pas d’où vous êtres”, nous pourrons lu dire : nous sommes de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, et nous venons prendre place au festin dans le royaume de Dieu.