Nuit de Pâques, homélie du P. Abbé Vladimir Gaudrat
Chers Frères et Sœurs,
Nous voici en cette nuit, avec toute l’Église devant le tombeau vide mais nous ne sommes pas désemparés comme pouvaient l’être les femmes au début de l’Évangile que nous venons d’entendre. Le tombeau vide n’est pas pour nous le signe d’un abandon ou d’une défaite mais de la présence du Ressuscité, celui que les deux hommes en habit éblouissant appellent le Vivant. Le tombeau est vide mais Celui qui était mort et qui est désormais le Vivant y a laissé une trace, celle des linges, comme pour nous signifier qu’il est maintenant présent d’une autre manière, selon l’Esprit. Il est présent au monde d’une manière totalement nouvelle pour nous donner la vie. Il a été livré aux mains des pécheurs, crucifié et le troisième jour il est ressuscité conformément aux Écritures. C’est le message dont témoignent tous les apôtres et à la suite des apôtres, l’Église jusqu’à aujourd’hui. C’est la foi que nous confessons. Nous avons été mis au tombeau avec le Christ pour mener une vie nouvelle avec lui comme nous le dit Saint Paul dans la lettre aux Romains. Notre vie est désormais dans la communion avec le Ressuscité présent dans son Église, présent au cœur du monde d’une manière toujours nouvelle. Nous sommes là comme une communauté vivante confessant ensemble que Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils Unique. Et que cet amour est vainqueur de la mort, de toute mort.
Cher Sylvain,
Le Seigneur t’a appelé jusqu’à cette nuit où tu demandes le baptême. Le chemin que tu as parcouru a été pour toi un chemin de vérité parce que la liberté des enfants de Dieu est dans la vérité. Il est un chemin de pardon puisque tu vas être libéré du péché et il te faudra découvrir jusqu’où ce pardon te conduit. Il est un chemin de guérison puisque tu vas recevoir l’onction qui achèvera de te rendre semblable au Christ et que par cette onction, l’Esprit saint, le seul vrai consolateur, viendra pénétrer pour les transfigurer tes angoisses, tes blessures et tes péchés. Tu pourras ainsi gouter chaque jour davantage l’amour de Dieu qui surpasse toute connaissance, qui te pénétrera et te transformera. Et voici qu’en cette nuit, toute l’Église le corps du Christ est autour de toi. Il y a l’Église du ciel dont nous allons demander la prière. Et puisque qu’elle veille sur nous, il y a celui que tu t ‘es chois comme protecteur, ce moine russe Silouane ou Sylvain de l’Athos. Puisses t’il t’apprendre à ne jamais plus désespérer (c’est d’ailleurs ce que dit aussi notre Père Saint Benoît) et à prier pour tous les hommes comme nous avons entendu du haut de sa Croix le Christ prier pour ses bourreaux : « Père, pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Il y a notre petite église monastique au sens large avec ses amis et ses familiers qui t’entoure dans la joie et la liberté en rendant grâce pour ce qu’elle a vu de l’action de l’Esprit en toi. Il y a aussi tous ceux qui sont là ce soir et qui sont venus sans savoir que tu serais baptisé en cette nuit et qui pourtant reçoivent en cette même nuit la mission de prier les uns pour les autres et pour toi afin que notre joie grandisse toujours jusqu’à atteindre la plénitude de celle du royaume.
Que la profession de foi que nous ferons ensuite en commun fasse en nous grandir la certitude que nous sommes une seule famille unie dans l’amour pour servir le monde.