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27ème dimanche A, homélie de frère Marie

La Bible aime bien utiliser les images de la nature pour enseigner et exprimer le mystère de l’homme et de Dieu. Aujourd’hui nous sommes dans une ambiance bien connue car les textes nous parlent de vigne.
Les textes de ce jour nous posent devant deux volets étroitement liés d’un diptyque qui nous parle de l’avènement du Royaume de Dieu : le premier volet à travers le poème d’Isaïe dirige notre regard vers ce qui nous est confié de la part de Dieu : le don de sa parole à garder et cultiver pour découvrir notre humaine vocation d’enfants de Dieu. Vocation à découvrir, promouvoir, cultiver le mystère de la vie. Le second volet nous oriente dans le lien entretenu avec le donateur de tout bien dans une filiation aimante qui passe par la reconnaissance et l’action de grâce.
« En toute circonstance, dans l’action de grâce priez et suppliez pour faire connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer, gardera votre cœur et votre intelligence dans le Christ Jésus », nous dit St Paul.

En recevant la mission de ‘garder et cultiver’, l’homme est appelé à une œuvre qui trouve son sens dans la prolongation de l’œuvre créatrice de Dieu, mais cette ‘mission’ l’amène à se cultiver lui-même, et pour cela il a besoin d’une Sagesse qui ne vient pas que de lui-même, une Sagesse qui lui vient de la source de toute vie, de la source de lui-même.
Le don de la vie est lié à une parole, une parole fondatrice : « Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon (vers) notre ressemblance… » Gn 1, 26
Le don est porteur d’une promesse : une fécondité, une liberté, et le bonheur d’une relation qui comble la vie.
Fécondité et bonheur s’expriment à travers un jeu de relations. Un jeu de relations avec notre prochain, avec Dieu, avec l’environnement dans lequel nous sommes posés et qui nous est confié.
Dieu pose l’humain comme un autre lui-même, appelé en liberté à jouer sa vie comme un être responsable. La parabole de la vigne de ce jour, pourrait être rapprochée de la parabole des talents, pas tant pour ce qu’il y a faire, mais surtout pour cet engagement à partager la joie du Maître, à partager la joie et l’aventure du Royaume de Dieu. Là est bien la mission de l’Eglise.
Mais pour jouer sa vie, il faut tout d’abord l’accueillir. Il faut se sentir nommé, aimé. Dieu impose sur chacun de nous le Nom du Fils, dans le souffle de son Esprit d’amour et de vie.
Saint Jean-Paul II a rappelé que l’amour très particulier que le Créateur a pour chaque être humain lui confère une dignité infinie.
Le Créateur peut dire à chacun de nous :
« Avant même de te former au ventre maternel, je t’ai connu » Jr 1, 5. Nous avons été conçus dans le cœur de Dieu, et donc, « chacun de nous est le fruit d’une pensée de Dieu. Chacun de nous est voulu, chacun est aimé, chacun est nécessaire ».dans Laudato si, 65

La perception et la reconnaissance du don nous libère de la tentation d’une appartenance exclusive et d’une prise de possession. Le don de Dieu, le don de la grâce est pour tous. Avant de nous demander si nous avons des dons, est nécessaire la prise de conscience que la vie est un don. Le fait que nous-mêmes sommes ou pouvons être un don, nous ouvre à la prise de conscience de l’importance de tout ce jeu de relations dans lesquelles nous somme engagées. S’il y a bonheur, il n’y a de vrai bonheur que partagé.
Plus profondément encore la prise de conscience que nous sommes reliés à une source.
Quand les relations avec Dieu, avec notre prochain, avec notre environnement sont négligées, quand la justice n’habite plus la terre, la Bible nous dit que toute la vie est en danger. Nous rappelle le Pape François dans Laudato si, 70

L’expression propre de cette vie qui me fait être, se découvre dans une histoire, dont je suis acteur et que les autres jouent avec moi, et que Dieu joue avec moi et nous. Comme dans ce passage du livre des Proverbes dans lequel, la Sagesse créatrice du Très-Haut prend plaisir à jouer avec les enfants des hommes. Pr 8
Notre vie est faite pour une symphonie, un hymne à la vie.
Cet hymne à la vie, le Christ le fait résonner et nous l’apprend, par le don suprême et constant de sa vie.
La parabole de ce jour se termine par la proclamation pascale : « La pierre qu’ont rejeté les bâtisseurs est devenue la pierre angulaire. C’est là l’œuvre du Seigneur, une merveille devant nos yeux. » Cette œuvre nous dit que personne n’est à mettre de côté.
Oui, cette merveille répond à l’appel du psaume de ce jour : « Fais-nous vivre et invoquer ton nom ! Dieu de l’univers fait nous revenir, que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés ! » Ps 79
Dans le Christ Jésus Dieu nous a dévoilé son visage, visage qui illumine le nôtre, qui illumine celui de tout homme et toute femme, qui nous ouvre à la connaissance du Royaume auquel tous sont invités.
Nous élèverons tout-à l’heure à l’autel les fruits de la terre et de la vigne pour célébrer ensemble l’action de grâce et nous unir au Fils et nous écrier avec lui, sous l’action de l’Esprit Saint, Merci, Abba ! Père ! pour le don que tu nous fait.