Dimanche de Pâques, homélie du P. Abbé Vladimir
Chers frères et Sœurs,
En ce matin de Pâques, nous voici au tombeau avec Marie Madeleine, Pierre et l’autre disciple celui que Jésus aimait et dont la tradition dit qu’il s’agit de Jean. Marie Madeleine arrive la première et voit une chose extraordinaire : la pierre a été enlevée du tombeau. Sans doute elle ne comprend pas tout à fait ce qui se passe mais elle comprend au moins que quelque chose d’inattendu, d’extraordinaire s’est produit puisque la pierre n’est plus là. Elle ne peut garder cette nouvelle pour elle-même et court trouver Simon Pierre et l’autre disciple. Elle n’est pas entrée mais elle en a vu suffisamment pour pouvoir annoncer à ces deux hommes que non seulement la pierre est enlevée mais que le corps de Jésus n’est plus là.
Et voici qu’à leur tour les 2 disciples courent au tombeau l’un après l’autre et c’est celui qui est arrivé en dernier, le plus âgé, qui entre en premier. Ils voient et ils croient. Et nous c’est à travers ce qu’ils voient le linge et les bandelettes et à travers ce qu’ils ne voient pas, le corps de Jésus qui n’est plus là, que nous croyons. Comme eux qui représentent à ce moment l’Église, nous sommes invités à nous laisser surprendre, à nous laisser transformer. Nous sommes invités nous aussi à courir pour nous dépasser, pour nous dégager de ce qui pourraient nous empêcher de croire en la résurrection. Il vit et il crut nous dit l’Évangile du disciple bien aimé. Il vit et il crut, c’est à dire que toute sa vie en est bouleversée et transformée. Ce bouleversement que les catéchumènes baptisés cette nuit ont éprouvé, nous devons aussi désirer le retrouver, le renouveler. Si le christ est vraiment ressuscité, notre vie, notre regard sur le monde et sur les hommes doit en être complètement transformé. Si le Christ est ressuscité, le bonheur n’est pas dans la performance mais dans le fait de s’abandonner à l’amour et de se donner comme le Ressuscité qui jaillit du tombeau après être passé par la mort. Le bonheur est dans le service, dans le partage et dans l’accueil. Il est dans le fait de ne pas nous préférer à nos frères, dans l’absence d’avarice. Nos morts, nos faiblesses, nos échecs, nos limites sont comme de la paille dans la lumière de la Résurrection. Il nous faut passer par là comme les apôtres qui s’enfuient pour pouvoir ensuite être rencontrés par le sauveur et lui dire, je t’aime. C’est ce que Pierre a vécu et nous devons passer par un chemin semblable qui est celui de la conversion. Il nous faut nous laisser appeler par notre nom, tel que nous sommes, par le Ressuscité pour que notre vie soit transformée. Fêter le résurrection, c’est vivre en ressuscité, c’est rechercher les réalités d’en haut là où est notre patrie. Et puisque nous sommes d’une certaine manière étranger à ce monde puisque c’est la vocation de tout chrétien d’avoir une autre patrie que celle de cette terre, puisque nous entendrons dans cette semaine de Pâques comment le Christ se manifeste sous un aspect différent, étranger à ses apôtres, demandons la grâce de savoir accueillir tous ceux qui aujourd’hui dans leur faiblesse sont pour nous les mains et les pieds du ressuscité que Thomas voulait tellement toucher. Touchons la gloire du monde qui vient dans les enfants, les pauvres, les immigrés, les réfugiés et tous ceux que le monde méprise.