Fête de l'Immaculée Conception, homélie P. Abbé Vladimir
Chers Frères et Sœurs,
« L’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth ». Cette simple phrase nous permet d’en comprendre d’avantage sur la manière dont Dieu entre dans le monde pour notre salut. Nous sommes à Nazareth, pays inconnu de l’Ancien Testament, pays dont les contemporains de Jésus si l’on en croit l’Évangile de Jean se demandent s’il peut en sortir quelque chose de bon. Et c’est dans cette ville, en Galilée, région aussi mal considérée et non dans le temple comme dans le cas de Zacharie que l’ange est envoyé pour ce qui n’est plus l’annonce mais la réalisation de notre salut. Il est envoyé à Marie, cette jeune fille accordée en mariage à un homme de la maison de David, jeune fille inconnue dont nous ne savons rien d’autre sinon son nom. Le salut commence dans l’obscurité et dans l’humilité. « La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu » avons nous chanté dans le psaume. Oui mais dans l’humilité et l’obscurité, sous le voile des contraires car c’est ainsi que le monde nouveau se révèle et c’est pour nous un enseignement.
« Je te salue comblée de grâce ». Mais voici que l’ange nous en apprend un peu plus. Il nous faut éviter de regarder Marie suivant des images qui ont été pourtant parfois utilisées comme un vase entièrement passif qui aurait été rempli de la grâce. Comblée de grâce a une signification pleine de dynamisme. Comblée de grâce. Le participe passif utilisé par le grec indique le résultat d’un don déjà advenu. Favorisée pourrait-on traduire ou bien en paraphrasant, toi qui a été bénie et demeure remplie de la faveur de Dieu. La grâce de Dieu a rejoint Marie qui en a été libérée et transformée. Adam et nous avec lui nous étions caché pris de peur et de vertige devant notre nudité. Marie peut répondre avec simplicité et sans crainte: « Que tout m’advienne selon ta parole ». Et ce oui sans réserve est à la fois tout entier le fruit de la grâce et tout entier son oui. Il nait de Marie habitée, transformée par l’Esprit Saint. Saint Benoît dans les instruments des bonnes œuvres nous demande d’attribuer à Dieu le bien que nous voyons en nous. En Marie, c’est le Verbe qui s’incarne en elle à la parole de l’Ange qui s’unit à son oui pour lui donner toute sa force et elle est en cela un modèle pour chacun d’entre nous et pour l’Église. Autant que l’on puisse en dire quelque chose, l’Immaculée Conception, le fait d’avoir été guérie de la blessure du péché avant d’en être atteinte, c’est bien cela. Marie est toute entière dans une communion de volonté et d’amour avec Dieu qui la rend libre et agissante dans le plan du salut. Il n’y a en elle aucune réserve et si l’ange lui répond que rien n’est impossible à Dieu ce n’est pas comme dans le livre de la Genèse où la même phrase est utilisée par les messagers envoyés à Abraham pour reprocher à Sara son incrédulité, c’est une affirmation tranquille à laquelle Marie ne peut qu’adhérer.
Chers Frères et sœurs ,
La lettre aux Éphésiens nous dit que nous aussi, nous sommes choisis, prédestinés, bénis, comblés pour devenir des fils adoptifs dans le Christ. Mais tant que nous sommes pèlerins dans ce monde, nous vivons cette élection et cet appel encore dans la déchirure, dans la distance qui nous vient de la blessure du péché.
Que Marie soit notre modèle et notre guide alors que nous cheminons vers la plénitude quand Dieu sera tout en tous.