Solenneité de la Toussaint, homélie du P. Abbé Vladimir
Chers Frères et Sœurs,
En ce jour où nous fêtons la foule immense de tous les saints, le Concile Vatican 2 nous rappelle que la sainteté n’est pas destiné qu’à une petite élite mais que nous sommes tous appelés, chacun sur sa route, à une sainteté dont la perfection est celle même du Père. Sur cette route, il nous demande aussi d’attester que le monde ne peut se transfigurer et être offert à Dieu en dehors de l’esprit des Béatitudes. Nous sommes appelés à transfigurer le monde et c’est pour cette raison qu’il est important en cette fête de Tous les Saints de réécouter l’évangile des béatitudes qui est comme la charte du Royaume qui vient, comme un manuel de sainteté et de transfiguration. Bienheureux, Heureux, ces paroles résonnent avec fréquence dans l’Écriture où il est facile de voir qu’il y a deux manières de dire quelqu’un heureux.
Comme le dit le psautier à son début « Heureux l’homme qui n’entre pas au conseil des méchants » mais il dit aussi avec autant de force « Heureux l’homme dont la faute est enlevée et le péché remis ». « Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde ». C’est d’abord par un don gratuit que l’homme est bienheureux avant qu’il n’apprenne à marcher dans la justice. Et si nous lisons les béatitudes comme un manuel de transfiguration, c’est parce qu’elles nous apprennent à recevoir et accueillir. Ce n’est pas en dominant mais en servant, c’est en passant d’un cœur centré sur lui-même à un cœur ouvert que l’on devient saint. « Bienheureux les pauvres de cœur car le royaume des cieux est à eux. Bienheureux les doux car ils recevront la terre en héritage ».
Chers Frères et Sœurs, la terre et les hommes pleurent sous la violence de l’homme. Les saints que nous célébrons en ce jour, humble foule d’agneaux immolés comme leur maître nous apprennent à ne pas confondre le saint que nous aspirons à devenir avec un héros doté de superpouvoirs. « Dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ». « Heureux les artisans de paix car ils seront appelés fils de Dieu. C’est en accueillant l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ que nous pouvons louer Dieu pour tout et c’est par cette louange que nous transformons le monde et devenons saints. C’est pourquoi louons Dieu pour tout, pour la vieillesse et pour la jeunesse, pour le soleil et pour la pluie, pour la maladie et pour la bonne santé, pour l’abondance et quand quelque chose vient à nous manquer, pour nos richesses et pour nos pauvretés. Louons Dieu en nous accueillant les uns les autres et en célébrant la miséricorde. Louons Dieu comme cette foule immense que nous décrit l’Apocalypse, comme les anges, les anciens et les quatre vivants.
Louons Dieu avec toute la création et nous pourrons alors chanter avec le poète inspiré :
« Finis alors ta nouvelle création. . .
Laisse nous voir ton immense salut. . .
Jusqu’à ce qu’au ciel, nous prenions nos places
Jusqu’à ce que nous jetions nos couronnes devant toi
Remplis d’émerveillement, d’amour et de louange »