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14ème dimanche B, homélie de frère Marie

 

Jésus revient dans son pays, à Nazareth où il a grandi.
Et l’évangéliste Marc nous présente Jésus à la synagogue, le jour du Sabbat, comme étant le maître des lieux. Jésus instruit, enseigne, comme il le fait aujourd’hui pour nous, en Eglise, à travers sa Parole. Cette Eglise voulue par le Maître et qui malgré ses raideurs, malgré son péché et ses faiblesses a su conduire jusqu’à nous le murmure de la source, cette parole vivante du Maître qui nous anime aujourd’hui.
D’où lui vient tout cela ?
Telle est la question que se posent les habitants de Nazareth. D’où vient à Jésus qui a grandi dans sa famille au milieu d’eux, d’où lui viennent sa sagesse et ses miracles ?
C’est dans ce milieu habituel de vie que Jésus fait entendre une parole inhabituelle, une parole qui étonne et qui vient provoquer la foi : cette sagesse qui veut nous rapprocher de Dieu et nous libérer de nos infirmités de l’âme.
C’est au cœur de notre milieu habituel de vie que Jésus nous fait entendre une parole inhabituelle, une sagesse qui nous appelle à nous ouvrir, à nous présenter devant Dieu avec un cœur de pauvre, un cœur et un esprit qui attendent de lui lumière et guérison, qui nous achemine dans une compréhension de ce qui tisse notre vie humaine.
La parole que nous célébrons au jour le jour est présence de Jésus qui nous accompagne et nous guide.
C’est à partir de notre disposition à l’écoute que Jésus nous sort de nos aveuglements et nos entraves. Disposition à l’écoute qui forme en nous un être relationnel, qui nous rend attentifs à Dieu et attentifs aux autres. Cette disposition à l’écoute de la sagesse du Christ, est un ajustement à la sainteté de Dieu, notre chemin de croissance, et un ajustement aux autres si différents de nous, mais enfants d’un même Père.

Dans l’évangile de ce jour, la principale question posée est celle de la fiabilité et de l’autorité de la parole de Jésus.
Il serait plus facile de porter crédit à quelqu’un qui vient d’un ailleurs que l’on ne connaît pas, que de porter crédit à quelqu’un qui fait partie de nos habitudes de vie et qui bouscule les habitudes. La parole de Jésus est une parole qui le plus souvent nous dérange, pour notre bien.
Car cette parole nous resitue dans une même origine, fils et filles nés de l’amour de Dieu et qui nous oblige les uns envers les autres.

Jésus se retrouve confronté au milieu des siens à la défiance, il devient même cause de scandale. Ce qui est frappant dans ce passage de l’évangile de Marc, c’est qu’il n’y a pas de dialogue, les critiques à son égard sont un monologue, un jugement. La sagesse qui sort de la bouche de celui qui est connu par tous comme un petit artisan, est reçue comme un scandale.
Pour écouter il faut être sur ses ‘mégardes’ disait Péguy, c’est la condition pour être atteint et rejoint par tout ce qui peut être un peu plus haut, par ce qui peut nous faire grandir en humanité et en sainteté.
Dans nos communautés, dans nos églises, peut-être sommes-nous trop souvent sur nos gardes les uns envers les autres, juger les autres sur les habitudes peut nous rendre sourds à la sagesse inspirée et inattendue qui peut s’exprimer à travers tout un chacun. Il nous faut peut-être cultiver le regard de l’enfant, sa capacité d’émerveillement.
Au fond nous pouvons pratiquer notre religion, nous définir comme chrétiens, ou catholiques, mais qu’en est-il de notre relation à l’Evangile ? de notre relation avec cette parole du Christ qui vient nous déranger ou nous inviter à ouvrir un peu plus grands nos cœurs et nos esprits, à nous laisser entraîner par cette sagesse et tendresse de Dieu.
Le jardin de la foi est inépuisable, et pourtant tout s’y tient à la frontière de nos corps, de notre communauté, de nos lieux de vie, le Christ s’y tient comme promesse et déjà là, c’est ce qui nous permet de pouvoir nous ouvrir à l’autre, à tout-autre, au nom de notre commune origine et de notre commune destinée.

Le Fils qui nous partage son Esprit Saint nous enseigne, nous apprend à avancer sur le chemin de sa sainteté et de sa gloire, mais avec cette conscience des tout-petits, car notre lucidité comprend que ce n’est pas notre puissance qui nous fait progresser : ma puissance se déploie dans la faiblesse, dit Jésus à Paul. Et ailleurs : ce trésor nous le portons dans des vases d’argile.
Notre confiance est dans l’autorité et dans la puissance du Fils, car son autorité est aimante et sa puissance est juste. C’est dans cette confiance que nous vivrons et porterons sa Parole et sa sagesse au monde.