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2ème dimanche de Carême-B, homélie de frère Bartomeu

Marc 9,2-10

 

Chers frères et sœurs, chaque année, après avoir suivi Jésus au désert le premier dimanche du carême, en ce deuxième dimanche nous l’accompagnons, avec Pierre, Jacques et Jean, sur une haute montagne. Et là nous entendons à nouveau la voix que nous avions déjà entendu au Jourdain (Mc 1,11) et qui dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ». Avec cette fois-ci une invitation pressante : « Écoutez-le. »
Et voici qu’en descendant de la montagne, Pierre, Jacques et Jean se demandaient entre eux ce que voulait dire : “ressusciter d’entre les morts”. Souvent, en particulier dans l’évangile selon saint Marc, nous voyons que les disciples ne comprennent pas ce que fait et dit Jésus (Cf. Mc 6,52 ; 7,18 ; 8,17-18.21). Mais, est-ce que nous-mêmes nous comprenons ce que veut dire “ressusciter d’entre les morts” ?
Il faut peut-être qu’aujourd’hui nous oublions un peu la fête de la Transfiguration du Seigneur, le 6 août, fête où nous contemplons « Jésus-Christ, resplendissant de la gloire du Père, effigie de sa substance » (He 1,3), et où nous voudrions, comme Pierre, dresser trois tentes.
La plus ancienne tradition de notre liturgie est de lire cet évangile en ce deuxième dimanche du carême, alors que nous nous acheminons avec lui vers la Pâque. Jésus avait commencé à enseigner aux disciples qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite (Mc 8,31). Et quand il défend à Pierre, Jacques et Jean de raconter à personne ce qu’ils ont vu sur la montagne, c’est qu’on ne peut le comprendre qu’après avoir vécu avec lui la passion et la croix. C’est la Pâque.
Et voici que, « soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux. » Comme l’écrivait Paul aux Philippiens, alors qu’il se trouvait lui-même en prison à Éphèse, « il s’agit de connaître le Christ et la puissance de sa résurrection, de communier aux souffrances de sa passion, en reproduisant en nous sa mort, dans l’espoir de parvenir, nous aussi, à ressusciter d’entre les morts » (Ph 3,10-11). Ne voir plus que Jésus seul avec nous.
Nous savons que si nous avons été baptisés en Jésus-Christ, « nous avons été baptisés – c’est-à-dire immergés – dans sa mort pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les mort » (Rm 6,3-4). Une vie nouvelle : « Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères » (1 Jn 3,14).
Nous aussi, comme les apôtres, nous ne voyons plus que Jésus seul. Nous le verrons même dans la solitude de la croix. N’oublions pas alors la voix du Père : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé », et écoutons-le.
Avec le psaume nous avons chanté : « Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants » (Ps 114,9). Marchons en sa présence sur la terre des vivants. « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? Il n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il, avec lui, ne pas nous donner tout ? » (Rm 8,31-32).
Ce temps du carême est un temps d’entrainement à marcher sur la terre des vivants en présence du Seigneur en ne voyant que Jésus seul. Écoutons-le.