Messe du Jeudi Saint, homélie du P. Abbé Vladimir
« J’élèverai la coupe du salut,
Je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce »
Chers Frères et Sœurs,
Ce que le psaume annonçait, nous en célébrons l’accomplissement en faisant mémoire du dernier repas que le Christ partage avec ses disciples. Nous rendons grâce dans l’aujourd’hui que Dieu nous donne pour ce qui est comme un double sacrement à l’image de ce qui est représenté sur le tabernacle de cette église et que la liturgie nous donne d’entendre. La coupe du salut est celle du corps livré et du sang versé pour nous donner la vie et nous allons y avoir part lorsque nous allons communier. Elle nous fait communier à l’amour du Sauveur lui qui versant son sang nous a donné son amour jusqu’à la dernière goutte. Le sacrifice d’action de grâce est celui de l’humilité et du pardon manifesté dans le lavement des pieds et donné en plénitude sur la Croix. Cette mémoire nous fait entrer aujourd’hui dans le mystère du Christ qui se donne par amour jusqu’au bout comme le dit Saint Jean. Alors qu’il était Dieu, sorti de Dieu et s’en allant vers Dieu, il a pris sur lui jusqu’au bout la condition de serviteur pour nous laver les pieds et manifester le pardon du Père. Il s’est fait péché pour nous sans cesser d’être le Dieu tout puissant qui fait de nous des vivants. Il vient nous rechercher pour nous tourner vers lui. Il a affronté toute la puissance du mal pour la faire disparaître dans l’immensité du bien.
« Comment rendrai-je au Seigneur
Tout le bien qu’il m’a fait »
Mangeant ce pain et buvant cette coupe, nous devenons les frères du Christ, ses amis et donc des serviteurs comme lui, à son image. Pour avoir part à la joie du Christ qui est celle de Dieu même, il nous faut prendre la tenue du serviteur, de celui qui s’abaisse, de celui qui pardonne. À la lumière du dernier repas que le Christ nous partage, il est impossible de regarder qui que ce soit de haut. Nous pourrons alors avec lui élever la coupe du salut où est réunie toute l’humanité pour la présenter au Père. Cette heure dont le Christ dit qu’elle est venue pour lui est aussi notre heure. Elle nous invite à nous donner en acceptant d’avoir les pieds lavés par lui pour nous laver les pieds les uns aux autres. C’est Dieu lui-même qui se manifeste dans le service, le don de soi, l’engagement au service des autres mais surtout dans l’humilité qui fait de nous des frères. Si nous ne pouvons ce soir tous nous laver les pieds les uns les autres comme l’Évangile semble nous le demander puisque tous nous sommes disciples du Christ, que la célébration de ce rite soit pour chacun d’entre nous un engagement à suivre l’exemple du Christ qui nous a tout donné en acceptant d’être le dernier de tous.