32ème dimanche C, homélie de frère Marie
Lc 20, 27-38 ; Ps 16
Des Sadducéens viennent interroger Jésus pour le mettre en défaut sur la doctrine de la résurrection. Les Sadducéens farouches gardiens de la Torah, les cinq livres attribués à Moïse, ne tenaient pas compte de la tradition prophétique et rejetaient la doctrine des Pharisiens sur la foi en la résurrection des morts. Ils éprouvent la connaissance de Jésus à travers un exemple tiré d’une casuistique d’école plus que de la réalité même de la vie. Et de même, c’est à partir d’un passage de la Torah, la rencontre de Moïse devant le buisson ardent, devant ce feu divin qui ne dévore pas, que Jésus va leur opposer leur méconnaissance des Ecritures et du Dieu vivant.
« Dieu n’est pas le Dieu des morts, il est le Dieu des vivants. Tous en effet vivent pour lui ».
Prétendre qu’il n’y a pas d’au-delà pour l’humain, comme le suggère les Sadducéens, serait accepter l’échec du Dieu vivant face à la mort. Ce serait réduire la portée des promesses de Dieu et de son Alliance. Il ne s’agit pas d’une survie humaine attachée au souvenir, aux actions méritoires de quelqu’un, ni même à une philosophie de l’immortalité de l’âme. Les paroles de Jésus enracinent la continuité des défunts dans l’être de Dieu : les enfants de la résurrection sont semblables aux anges, nous dit-il. Non seulement ils voient Dieu face à face comme les anges, mais dans cette vision ils sont entièrement transfigurés, corps et âme à l’image du Christ. Le sens de la vie humaine n’est pas seulement le projet de survivre de génération en génération, mais c’est partager et jouir de la plénitude de vie et d’amour en Dieu, dans un face à face. Ce mystère de vie est inscrit au cœur de tout être humain. Ce mystère de vie est au cœur de nos désirs, au cœur de nos quêtes de bonheur. Ce mystère de vie est au cœur de nos questions existentielles toujours très actuelles, car il y va du sens de nos existences, si limitées en ce monde. C’est dans ce mystère de vie inscrit au cœur de notre être que Jésus par sa vie, sa mort et sa résurrection est le médiateur de cette connaissance et de cette espérance nouvelle.
La vie offerte par la résurrection du Christ ne touche pas que le ‘monde à venir’, son rayonnement atteint le temps d’ici, atteint le temps présent. Le Christ n’est pas que dans un au-delà, il est là, parmi nous, au cœur de vies. Par notre foi en Christ, par l’Esprit Saint, nous sommes les enfants de la résurrection. Nous n’en sommes pas seulement les futurs bénéficiaires, mais nous en sommes aussi les participants et les témoins actifs de cette espérance au cœur de notre monde. Cette paternité divine est déposée comme un trésor de vie au cœur de tout humain, un trésor à faire découvrir, un trésor appelé à être proclamé et manifesté à travers nos chemins de sainteté.
De plus cette relation d’origine entre le Dieu vivant et l’être humain, confère un statut de dignité à toute personne, corps et âme. Tout en l’humain est fait pour la vie, aussi bien son esprit, son âme que son corps. D’où l’insistance pour l’Eglise d’affirmer en primauté la dignité inaliénable et le respect de toute vie, dès sa conception jusqu’à la mort. Dignité et respect que nous nous devons dans nos relations les uns envers les autres, dignité et respect dans l’inviolabilité de toute personne.
La lumière de la résurrection de Jésus Christ en son humanité même, nous ouvre à la révélation de notre humanité dans la présence du Dieu vivant.
Oui, c’est sur les traces de l’innocence du Christ, sur les traces de sa prière, sur les traces de son amour et de sa justice que nous pouvons chanter avec lui pour notre monde :
Seigneur, écoute la justice ! Entends ma plainte, écoute ma prière…J’ai tenu mes pas sur tes traces,…je t’appelle, toi le Dieu qui répond…Garde-moi comme la prunelle de l’œil, à l’ombre de tes ailes cache-moi, et moi par ta justice, je verrai ta face : au réveil je me rassasierai de ton visage. Amen