Notre rapport au monde
Choisie par saint Honorat au début du Vème siècle pour son caractère sauvage et retiré, l’île Saint-Honorat permet à ses habitants de préserver le silence propice à la prière et à l’intériorité. Pourtant, elle n’est qu’à quelques encablures de la Croisette.
Cette faible distance permet d’entrevoir l’exigence évangélique paradoxale de vivre dans le monde sans être "du monde".
Il est important pour le moine d’être soutenu dans son effort de conversion chrétienne par une communauté-un chrétien isolé est un chrétien en danger-mais en retour la communauté en devient aussi plus forte pour affronter les défis d’une vie chrétienne au temps présent.
Les moines sont solidaires de leurs contemporains par leur travail, manuel et intellectuel, par l’accueil qu’ils pratiquent et leur engagement dans des actions de solidarité. La prière de louange et d’intercession irrigue ces différents domaines d’activité et les relations que les moines entretiennent avec toutes les personnes rencontrées. Une certaine séparation du monde, nécessaire pour rencontrer Dieu dans la prière et la vie fraternelle, rend aussi possible un accueil franc à tous ceux qui ne partagent pas la vie de la communauté mais peuvent tirer un bénéfice d’entrer à son contact. Un moine du IVème siècle, Evagre, l’avait déjà exprimé dans une formule devenue célèbre :
"Est moine celui qui est séparé de tout pour être uni à tous."