5ème dimanche de Pâques, homélie de frère Marie
Chers frères et sœurs, Jésus en ce jour nous fait entendre : « Dans la maison de mon Père il y a beaucoup de demeures ». Le Verbe de Dieu, le Verbe de vie qui demeure en permanence auprès du Père, est aussi venu demeurer parmi nous en notre condition humaine. Le Verbe de Dieu, parfaite expression du Père, a fait de notre humanité le temple de son amour et de sa miséricorde. Dès le début de l’évangile, Jésus invite ses premiers disciples à demeurer près de lui, à demeurer avec lui : « Venez et voyez ! ». Cette invitation nous est toujours adressée.
Notre foi chrétienne n’existe que dans la dynamique de l’accueil et de la communion et que dans le désir de la rencontre.
Au soir même de sa résurrection Jésus souffle sur ses disciples l’Esprit Saint, l’Esprit de vie et de sainteté. Par le Christ cet Esprit d’amour, cette communion de vie du Père et du Fils, dès le baptême est répandu dans nos cœurs. S’il y a beaucoup de demeures dans la maison du Père, c’est que nous sommes tous appelés, par ce même Esprit, à devenir demeure de Dieu, à vivre dans cette communion divine. Cette communion divine fait appel à notre désir de vie heureuse, et nous découvrons vite qu’il n’y a de vie heureuse que s’il y a partage, bienveillance et gratuité.
Comme nous le dit si bien St Benoît dans sa règle des moines, si nous sommes ainsi accueillis dans la maison de Dieu, si nous sommes invités en sa demeure, nous devons aussi nous comporter selon les règles de notre hôte. Le paradoxe est que la demeure de Dieu en laquelle nous sommes invités et introduits, nous sommes aussi appelés à la construire, car Jésus fait de nous des pierres vivantes, des pierres saintes, aimées de Dieu.
Qu’elles sont donc ces règles qui incombent aux hôtes que nous sommes ?
La première règle est de suivre Jésus sur les chemins de l’Evangile. Jésus nous le dit sans détour : Je suis le chemin, la vérité et la vie. En nous laissant guider par lui, nous apprenons à aimer, et nous ouvrons les yeux de notre cœur et notre intelligence sur les horizons insoupçonnés de la beauté de notre humanité. Mais nous ne sommes pas les maîtres de cette humanité illuminée par la présence de Dieu, nous en sommes les disciples et les serviteurs, nous en sommes aussi les bénéficiaires.
L’Evangile nous enseigne comment vivre en hôtes dans la maison de Dieu : Si tu veux avoir la vie véritable et éternelle, interdit le mal à ta langue. Interdit à tes lèvres les paroles trompeuses ; détourne-toi du mal et fais le bien ; cherche la paix avec ardeur et persévérance. Et lorsque vous agirez de la sorte, mes yeux seront sur vous et mes oreilles attentives à vos prières, et avant même que vous ne m’invoquiez, je vous dirai : « Me voici ».
Oui, l’urgence demeure toujours la même car l’histoire de l’humanité et de l’Eglise sont toujours traversées par des temps troublés, l’urgence au présent est d’ouvrir nos cœurs à l’appel de l’Evangile. Et le cœur de l’Evangile est dans la gratuité de l’accueil et du don, dans le respect réciproque et la bienveillante miséricorde ; il est aussi dans la dénonciation et le rejet de toute forme de mal et dans la vérité et la mise en œuvre du bien que nous enseigne la Sagesse divine.
« Dans la maison de mon Père il y a beaucoup de demeures ». Ces demeures sont des demeures aux portes ouvertes, car elles abritent le mystère du Christ. Tout ce que vous ferez à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous le faites, nous dit Jésus. Et encore qui vous accueille, m’accueille, et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé.
Oui, nous assure-t-il, nous ferons chez-lui notre demeure.