Jeudi Saint, homélie du P. Abbé Vladimir
Chers Frères et Sœurs,
En cette fin de journée, voici qu’en faisant mémoire de la dernière cène qui est le sacrement de l’amour de Dieu, nous sommes invités à répondre à cet amour qui est venu nous chercher et nous trouver. Saint Augustin commentant l’Évangile que nous venons d’entendre avec le récit du lavement des pieds dit que « l’homme orgueilleux périrait à jamais si le Dieu humble ne le trouvait pas ». Rendons grâce car Dieu, dans le Christ, sans cesse et jusqu’à aujourd’hui vient à notre rencontre. L’humilité de Dieu, celle du Verbe fait chair, le lavement des pieds en est le sacrement c’est à dire le signe efficace exactement comme l’est le sacrifice nouveau, ce repas qui est aussi sacrement. Dieu est venu chercher l’homme en se faisant homme. « Il s’est anéanti, il s’est abaissé devenant obéissant jusqu’à la mort et à la mort de la Croix » dit la lettre aux Philippiens. Comme le dit saint Bernard en commentant ce texte : « Le Christ s’est immergé au plus épais et au plus profond de l’universelle misère ». C’est cette humilité et cet amour qui vont jusqu’au don total de la vie sur la Croix que nous célébrons dans le lavement des pieds qui est ainsi sacrement du pardon et de la miséricorde de Dieu. Le Dieu humble vient guérir notre orgueil. Il descend dans notre misère. C’est à cause de cela que Pierre doit accepter de se laisser laver les pieds par le Christ. C’est à cause de cela que nous devons nous laver les pieds les uns les autres. Il nous faut accepter d’être rejoint et trouvé non seulement par le Christ mais par nos frères jusque dans notre misère. Il nous faut aussi nous mettre à leur service pour les rejoindre dans leur misère. Il nous est donné ce soir d’accepter de nous laisser laver les pieds, de nous laisser servir, de nous laisser pardonner comme il nous est donné dans le même mouvement de servir nos frères et de les pardonner. C’est dans ce double mouvement qui est d’abord un don que nous répondons à l’amour gratuit de Dieu. Jésus sait que Pierre va le renier. Bientôt, il va lui dire : « Amen, amen, je te le dis : le coq ne chantera pas avant que tu m’aies renié trois fois » et pourtant il lui dit qu’il est pur car capable d’être rejoint par lui dans sa misère et d’être pardonné et de renaître par ce pardon. Le mystère est entier mais c’est ce dont Judas dans son amour dévoyé ne semble pas capable.
Chers Frères et Sœurs,
Laissons nous réconcilier par le Christ. Renaissons à la vie nouvelle.
Ce qu’il avait annoncé en libérant le peuple de la servitude en Egypte, Dieu le réalise en plénitude et pour tous en nous donnant son Fils. C’est lui qui est notre paix et notre réconciliation. En versant son sang, il nous a donné son amour nous laissant un exemple pour que nous marchions sur ces traces. Avançons sur ce chemin qui est celui de la paix pour construire la paix.