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Vendredi Saint, homélie du P.Abbé Vladimir

Chers Frères et Sœurs,

Tout les faits que nous venons d’entendre raconter, tout ce qui constitue le récit de la passion est arrivé, comme le répète Jean à plusieurs reprises, pour que s’accomplisse l’Écriture. Nous ne sommes pas dans une histoire où Jésus serait submergé par le mal en subissant un sort qu’il n’aurait pas choisi. Bien au contraire tout ce qui advient en ce jour est pour nous révélation du plan de salut de Dieu.
« Voici qu’un soldat avec sa lance lui perça la côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau. Celui qui a vu rend témoignage, et son témoignage est véridique ».
Mais quelle est la vérité que nous transmet ce témoignage. Ce témoignage qui nous vient de Celui dont Isaïe nous dit de manière prophétique que « maltraité, il s’humilie et n’ouvre pas la bouche : comme un agneau conduit à l’abattoir. Arrêté puis jugé, il a été supprimé. Qui donc s’est inquiété de son sort ? Il a été retranché de la terre des vivants »
Et pourtant de son côté, sont sortis du sang et de l’eau comme une source vivifiante.
C’est tout le paradoxe de la sagesse de la croix que nous trouvons dans ce récit et que sommes invités à vivre aujourd’hui plus que jamais. Cette sagesse qui selon le mot de Paul est à la fois scandale et folie.
Lorsque le sang et l’eau sortent du côté de Jésus, il y a là tout le malheur et tout le mal de l’homme comme une ténèbre enveloppant toute la terre. Il y a là Rachel qui pleure ses enfants, tous les innocents dont la vie a été ravie par les méchants, tous les hommes et les femmes oubliés ou désolés dont la vie s’est fracassée sur le mur du malheur, qu’il soit provoqué ou subi. Il y a là tous ceux qui subissent l’injustice, la violence et la guerre. Il y a là la création qui gémit dans les douleurs de l’enfantement et de tout le poids que nous lui faisons subir. Et il y a là aussi chacun d’entre nous avec nos à peu près, nos lâchetés, nos faiblesses et notre péché qui va parfois jusqu’au refus de l’amour. Et c’est tout cela dont le Sauveur s’est saisi sur la Croix, pareil au vinaigre qu’il boit, pour pouvoir enfin dire dans une ultime prière : « Tout est accompli ». En effet, nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses. Mais le Christ offrant avec un grand cri et dans les larmes des prières et des supplications. Et il est exaucé, devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel. Et de tout ce qui semblait n’être que mort jaillit la vie.
L’eau et le sang sortent du côté de Jésus en Croix pour nous donner la vie. Et alors que nous nous préparons à porter en terre celui qui est la vie, contemplons cette vie abattre les enfers et communions à elle dans l’espérance du Royaume. Cette espérance doit façonner tout ce que nous avons à vivre comme chrétiens dans ce monde.