Vendredi Saint, homélie du P. Abbé Vladimir
Chers Frères et Sœurs,
Puisque tout est achevé, levons nos yeux vers Celui qui est suspendu au bois pour nous donner la vie. Voici l’homme, familier de la souffrance devant qui on se voile la face. C’est ce qu’avait annoncé Isaïe le prophète. « Il justifiera les multitudes et se chargera de leurs fautes ». Levons les yeux vers celui que nous avons transpercé. Il rejoint chacun d’entre nous dans sa faiblesse et son péché ; il s’est fait péché pour nous. Voici l’homme qui récapitule en lui tout l’humanité pour la présenter au Père. De lui seul on peut dire en vérité : « Heureux est l’homme qui n’entre pas au conseil des méchants. . . Mais se plait dans la loi du seigneur et murmure sa loi jour et nuit ». Cette loi, c’est celle du don et de l’amour. « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimé et qui a envoyé son fils en victime de propitiation pour nos péchés ». Comme le dit saint Bernard, il est venu pardonner à ceux qui le condamnaient, à des gens qui ne savaient pas ce qu’ils faisaient. En le contemplant, nous pouvons chanter avec lui : Heureux ceux qui ont une âme de pauvre, les affligés, les miséricordieux et les artisans de paix. Voici qu’il s’est fait notre paix.
Voici notre roi couronné d’épines et revêtu d’un manteau pourpre. « Il est comme un arbre planté près d’un ruisseau qui donne du fruit en son temps. Jamais son feuillage ne meurt, tout ce qu’il entreprend réussira ». Voici l’unique vie pleinement réussie comme le prophétisait Isaïe. En vérité dans cette admirable passion, rien ne s’est passé qui n’ait été prédit et rien n’a été dit qui ne se soit complètement réalisé. Le temps du fruit, c’est l’heure de la Croix. Elle est, à la fois, plongée dans le mystère impénétrable du mal par lequel, tous, nous l’avons mis à mort et bois qui porte le salut du monde. « O toi qui seul fut jugé digne de porter la rançon du monde et de lui préparer un havre ». Nous sommes invités au banquet des noces et du Royaume. « Jésus, le Fils, conduit à sa perfection dans l’obéissance de la Croix est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel ». Suspendu comme un malfaiteur, il règne du haut du bois le Sauveur du monde. Le Seigneur connaît le chemin du juste. En le contemplant, nous pouvons chanter pour toute l’humanité : « Souviens-toi de nous quand tu entreras dans ton royaume ».