3ème dimanche de Carême-A, homélie de frère Marie
Les lectures de ce dimanche nous font traverser l’épreuve de la soif. Il y a la soif d’eau, la soif de vivre, la soif de vérité, la soif d’aimer, autant de soifs qui marquent notre condition ‘d’hommes en route’.
Le peuple dans le désert chemine avec une promesse tenue à bouts de bras par Moïse, la promesse de la terre promise, terre de bénédiction et d’abondance. Et le peuple récrimine contre Dieu, contre Moïse, il cri, il éprouve la soif. A chaque soif, c’est comme si nous étions abandonnés à la mort, la confiance se tarit. Quand le petit enfant a faim ou soif, il gémit, il cri, mais à travers cette dépendance vis-à-vis de ses parents l’enfant apprend la confiance. La temporisation fait prendre conscience de la relation, conscience d’une alliance incontournable, pour vivre ensemble. La confiance prend du temps. La confiance en la promesse de Dieu, sa promesse de vie, est une lente migration. Le désert demande un bon guide. En cela notre foi ne repose pas sur des humains, mais sur Dieu. Chaque épreuve de la vie, chaque scandale de l’humanité, de violence et d’injustice, comme chaque scandale de l’Eglise, est comme un vent de sable, on perd les traces.
Le désert est une traversée, non une fin. Les déserts de nos vies, et nos soifs, nous enseignent à prendre conscience de notre pauvreté fondamentale, celle que nous partageons tous, et nous font prendre conscience que la vie est avant tout un don, que nous n’en possédons ni la source ni le terme. C’est au cœur de cette pauvreté que Jésus source de vie devient promesse et réalité, au cœur de cette pauvreté que se tisse une Alliance. Ne fermez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur, nous dit le psaume.
Jésus aussi a soif. Il est la sixième heure, la plus chaude du jour, Jésus est fatigué, il s’assoit au bord du puits de Jacob, à Sykar en Samarie. Une Samaritaine s’approche pour puiser, et Jésus lui demande à boire. Les Samaritains sont considérés par les juifs pieux comme des déviants et sont méprisés, ils ne sont pas de l’Alliance. Mais Jésus a soif de l’Alliance et à travers la Samaritaine ce sont tous les Samaritains qui vont s’ouvrir à l’eau vive de la parole de Jésus, et si les Samaritains croient, alors le monde entier peut croire.
Il est la sixième heure, Jésus assis au bord du puits dit : j’ai soif. Jésus à soif de l’Alliance. La terre promise c’est l’humanité entièrement réconciliée avec Dieu : Tu aimeras ton Dieu, et ton prochain comme toi-même.
A l’autre bout de l’évangile de Jean, il sera la sixième heure et Jésus, au bout du chemin, sera assis au bord du puits de la Passion. Du haut de la croix il dira à nouveau : j’ai soif. Et il plongera dans le puits mortel de notre humanité pour en faire jaillir une eau vive, éternelle. De son sein couleront des fleuves d’eau vive, nous avait-il dit.
Notre soif se transforme en espérance, et, nous rappelle St Paul : l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné.
La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs. Le Christ Jésus ne nous demande rien d’autre que notre soif et de lui faire confiance.
Chaque fois que nous approchons de la parole de Jésus, nous approchons une eau vive, à chaque fois que nous approchons des sacrements de l’Eglise, nous approchons du côté ouvert de Jésus pour nous désaltérer au don de l’Esprit de Vie, ce côté percé qui nous ouvre à l’Amour de Dieu à jamais.