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Fête des Saints apôtres Pierre et Paul, homélie de Frère Marie

Aujourd’hui en une même solennité l’Eglise célèbre les Sts Pierre et Paul, colonnes de l’Eglise et témoins d’une seule et même foi, d’un seul baptême, d’un seul Dieu et Seigneur de tous. A travers eux nous rendons grâces pour tous les apôtres et tous les témoins de l’Evangile à travers le temps qui ont témoigné et vécu cette même foi.
Pierre a connu le Christ Jésus dans sa chair, il a connu l’homme de Nazareth, à travers sa parole, ses gestes, son procès, sa mise en croix et sa résurrection. Pierre a écouté et regardé Jésus, il l’a suivi par une inspiration du Père, par une action de l’Esprit Saint qui lui faisait confesser l’impensable : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». « Nul ne peut venir à moi, a dit Jésus, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire » Jn 6, 44.
Paul, le zélé de la Loi, a découvert Jésus à travers les membres du corps du Christ, ses disciples qu’il persécutait comme étant une secte pernicieuse. Mais sur le chemin de Damas Le Christ Jésus a déchiré le voile de la Loi : « Qui es-tu Seigneur ? demanda Paul : Je suis celui que tu persécutes », lui répondit Jésus. Paul n’a pas connu le Christ selon la chair, mais l’a connu selon l’Esprit : « Nul ne peut dire Jésus Christ est Seigneur si ce n’est par l’Esprit Saint » 1 Co 12, 3. Paul a rencontré dans le ressuscité, l’homme nouveau, il n’y a plus ni juifs ni païens, mais Dieu a fait des deux, en Christ, un homme nouveau. Nous devons remettre à jour cette mémoire d’universalité en Christ, quand tant de discours actuels résonnent de rejets de l’étranger, de relents de racisme et de clivages de toutes sortes.
Oui ces deux colonnes de l’Eglise sont aussi des hommes pécheurs, l’un a renié, l’autre a persécuté. Les deux ont connu le regard du Christ sur eux, ce regard d’amour et de pardon. Ils ont reconnu leur péché et leur faiblesse à la lumière de la miséricorde et de la compassion du Christ. Ils en ont été libérés, de cette liberté d’enfant de Dieu dont Paul se fera le chantre. Leur enseignement et leur vie est devenu pour l’humanité un témoignage de confiance et de consolation.
En remettant les clés du Royaume à Pierre, Jésus établit l’Eglise comme sacrement de réconciliation entre Dieu et les hommes, comme sacrement de miséricorde et de pardon. Cette miséricorde de Dieu qui est appel à la conversion pour que notre cœur brûle de l’amour pour l’humanité, sans nous laisser enfermer dans la conscience de nos faiblesses. « Ma grâce te suffit, elle se déploie dans ta faiblesse » disait Jésus à Paul.
Oui il leur a fallu quitter, quitter beaucoup de choses, surtout beaucoup d’eux-mêmes, quitter leurs idées toutes faites, leur vision de Dieu, leur vision des autres et d’eux-mêmes. Il leur a fallu apprendre en premier lieu le pardon de Dieu, et le pardon mutuel. A l’école du Christ il leur a fallu apprendre à aimer et à se laisser aimer, à travers la douceur et l’humilité, à la suite du Maître ils ont appris à donner leur vie pour que les autres aient la vie.
Comme l’écrivait St Bernard : « ils nous ont été donnés pour maîtres et médiateurs, ce sont eux qui nous ont fait connaître les chemins de la vie… »
Ce qui les a saisis dans ce Jésus, c’est cette sagesse et cette folie de Dieu qui a renversé leur sagesse et leur prudence humaine. C’est à travers la faiblesse de la croix, à travers le visage du crucifié, que se manifeste le Roi de gloire. 1 Co 2, 1s
Les apôtres ont découvert que c’est à travers cette faiblesse de Dieu, que chaque homme peut se laisser atteindre dans sa propre faiblesse, que le mystère du Christ mort et ressuscité peut se manifester en chacun de nous et donner sens à toute vie.