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Solennité du Christ Roi - C, homélie de frère Bartomeu


« Quelle joie quand on m’a dit : « Nous irons à la maison du Seigneur ! » Maintenant notre marche prend fin devant tes portes, Jérusalem ! »
Chers frères et sœurs, en ce dimanche qui précède le commencement du temps de l’Avent dimanche prochain, notre regard est déjà tout tourné vers la venue de Jésus-Christ dans son Royaume. Le psaume a mis sur nos lèvres et dans nos cœurs la joie d’aller à la maison du Seigneur, de nous te-nir devant les portes de Jérusalem. Et pour marquer la continuité de notre marche, nous entendrons à nouveau ce même psaume dimanche prochain.
Nous avons entendu un des malfaiteurs suspendus en croix avec Jé-sus, le bon larron, lui dire : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »
Mais, quel est ce Royaume ? Quelle est cette Jérusalem devant les portes de laquelle notre marche prend fin ?
Jésus, qui avait dit à Pilate : « Ma royauté n’est pas de ce monde» (Jean 18,36), est maintenant suspendu à la croix, et au-dessus de lui il y a une inscription : « Celui-ci est le roi des Juifs. » Et, tandis que « le peuple reste là à observer, les chefs le tournent en dérision et les soldats aussi se moquent de lui, en disant : Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! » Et c’est alors que le bon larron lui dit : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »
Dans la lecture de la Lettre aux Colossiens, l’Apôtre nous disait de ce Royaume : « Frères, rendez grâce à Dieu le Père, qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints, dans la lumière. Nous arrachant au pou-voir des ténèbres, il nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé : en lui nous avons la rédemption, le pardon des péchés. »
Et lorsque le malfaiteur lui a dit : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume », Jésus lui a déclaré : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » La croix est devenue ainsi la porte du Royaume devant laquelle sa marche prenait fin.
Le bon larron nous représentait, nous qui sommes aussi malfaiteurs, mais qui en Jésus-Christ nous avons la rédemption, le pardon des péchés. C’est pourquoi déjà ici nous vivons la réalité du Royaume, rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints. Dans l’Église nous vivons devant les portes de Jérusalem et par notre vie nous devons contribuer à faire de ce monde les « portes de Jérusalem » pour tous les hommes.
« Quelle joie quand on m’a dit : « Nous irons à la maison du Seigneur ! » Maintenant notre marche prend fin devant tes portes, Jérusalem ! » Disons le psaume avec le bon larron. Il maintiendra vivante en nous l’espérance, puisque l’attente de la venue de Jésus-Christ dans son Royaume nous la vi-vons en sachant qu’à nous aussi il dira : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »
« Quelle joie quand on m’a dit : « Nous irons à la maison du Seigneur ! » Maintenant notre marche prend fin devant tes portes, Jérusalem ! »

 

La visitation de Marie à Elisabeth est la figure de toute vraie rencontre.

Mystère de l’hospitalité réciproque la plus complète.

Chacune porte en elle un mystère caché à l’intérieur. Marie la vierge porte le fruit d’un consentement à une parole divine, et Elisabeth la stérile porte en elle le fruit d’une miséricorde.

Marie pleine de la Parole de vie s’élance vers la maison d’Elisabeth, car elle a appris que Dieu lui avait fait miséricorde.

Est-ce que la miséricorde de Dieu ne plane pas sur tous ?

Marie est aussi porteuse de bénédiction, porteuse de la bénédiction de Dieu  incarnée en elle et destinée au monde entier. La bénédiction est venue à la rencontre de l’espérance des pauvres de cœur, de ceux qui abritent la petite flamme de la foi, et elle devient manifestation pour tous, épiphanie.

En tant que chrétiens ne sommes-nous pas appelés comme Marie à cette mission d’apporter cette présence du Verbe qui éclaire et qui appelle l’Esprit Saint à la croisée de nos rencontres ?

Marie n’a rien entre les mains, pas de leçon à donner, ni de connaissances apprises ni de projet pastoral. Elle souhaite la paix à Elisabeth. La Paix est la première salutation de l’apôtre :

« Voici que je vous envoie…N’emportez rien pour la route…Dans toute maison où vous entrerez dites ‘ Paix à cette maison’ »

Cette ‘paix’, ‘shalom’ en hébreu ou dite en grec sur le registre de la joie ‘réjouis-toi’, exprime l’accomplissement de la promesse divine, l’horizon d’une plénitude.

Nous approchons-nous de l’autre, du voisin comme de l’étranger avec ce désir dans le cœur ?

La vraie rencontre est dépendante de la gratuité.

Dans cette gratuité s’exprime un non-désir de puissance, une abstention d’emprise, s’exprime une identification à la figure du ‘serviteur’.

La rencontre est aussi une véritable expérience de l’humilité dans toute sa fécondité. Ainsi nous faisons nôtre chaque jour, pour nous en imprégner le chant de Marie :

« Le Seigneur s’est penché sur son humble servante…le puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ».