14ème dimanche – A, homélie de frère Marie
Les lectures de ce jour font résonner à nos oreilles des mots qui font appels à la joie, à l’humilité, à la douceur, à la paix, à la bonté, au repos.
Tous ces mots trouvent des échos en nous, car nous aimerions bien vivre tout cela, ou du moins un peu de cela, la vie en serait tellement plus légère, tout comme le joug léger de Jésus !
Les paroles du prophète Zacharie trouvent toujours autant d’échos dans notre monde d’aujourd’hui. Il nous annonce la venue d’un roi juste et victorieux, victorieux mais humble monté sur un âne. Un roi briseur de guerres, proclamant la paix aux nations et dont le règne de justice et de paix s’étendra d’un bout du pays à l’autre. L’âne ou la mule était une monture courante au Moyen-Orient, même pour des princes, Salomon lui-même fût intronisé sur la mule de David. Le cheval était une monture guerrière, il symbolisait la volonté conquérante. Jésus, lui, entrera à Jérusalem, acclamé comme roi messie, sur un ânon et non sur un cheval car il ne vient pas pour la guerre.
Oui, nous aspirons à la paix et à plus de justice, mais cette paix ne peut passer que par une véritable conversion des cœurs, conversion des mentalités. Il nous faut un maître qui nous enseigne à savoir régner sur nous-mêmes et qui nous enseigne les véritables chemins de notre humanité, les véritables chemins qui peuvent rendre notre humanité bienheureuse et notre monde mieux habitable.
Devenez mes disciples, nous dit Jésus, car je suis doux et humble de cœur.
Douceur, humilité, il ne faut pas se méprendre sur les termes. Nous rejoignons là l’enseignement des béatitudes. L’humilité et la douceur ne sont pas de simples comportements passifs, mais une prise de position et un comportement éthique et spirituel face à des situations d’injustices, d’oppression et de violence. La douceur et l’humilité concordent avec la faim et la soif de justice, concordent avec les artisans de paix et les miséricordieux. Nous sommes là devant des vertus actives. Il ne s’agit pas d’une position de soumission, mais de résistance face au mal, face à la violence et à l’orgueil de ceux qui veulent dominer les autres d’une manière ou d’une autre et qui sont aveugles au regard de Dieu sur l’humanité.
Nous savons où cela a conduit Jésus : la croix est le triomphe de la douceur du Christ dont le sang versé n’appellera pas la vengeance, mais sera source de salut pour le genre humain, expression de l’amour qui se donne à l’extrême, l’amour vainqueur.
Or, nous dit Jésus : le serviteur n’est pas plus grand que son maître. Suivre Jésus c’est aussi nous mettre dans cette position de fragilité et de confiance. Prendre sur soi le joug du Christ c’est refuser de répercuter sur autrui la violence et ses ravages, fussions-nous victimes de celle-ci ; être assoiffés de justice en refusant de rendre le mal pour le mal.
Aujourd’hui le Christ nous appelle et à travers lui c’est tout l’amour du Père qui se penche vers nous. Le Christ Jésus est notre médiateur et notre maître, lui seul peut vraiment nous faire connaître le vrai visage de Dieu. Ce Dieu trop souvent déformé à l’image de nos aveuglements et de nos peurs ou de nos convoitises de pouvoir.
« Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour. La bonté du seigneur est pour tous, sa tendresse pour toute ses œuvres », nous fait proclamer le psaume.
Le Christ Jésus nous fait rentrer dans ce mystère, car c’est lui qui nous le manifeste, il est le Fils par excellence et que c’est à lui que le Père confie de nous le faire connaître et d’entrer dans le mystère de notre divine filiation.