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30ème dimanche A, homélie de frère Bartomeu 


Voici qu’un docteur de la Loi pose une question à Jésus – pour le mettre à l’épreuve, précise l’évangéliste – et il le fait dans le langage formel des discussions entre les docteurs de la Loi : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? » Et Jésus lui répond : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. » — Le docteur de la Loi connaissait bien ce com-mandement, que l’on trouve dans la profession de foi des Juifs « Écoute, Israël », dans le Deutéronome (Dt 6,5). — Mais voici que Jésus, qui a dit de ce commandement qu’il “le grand” et “le premier”, enchaîne : « Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même », commande-ment tiré du Lévitique (Lv 19,18). Et il ajoute encore : « De ces deux com-mandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »
Cette deuxième partie de la réponse de Jésus n’a pu qu’étonner le doc-teur de la Loi. D’abord, l’association au premier d’un deuxième commande-ment, tout en le disant semblable au premier. Mais aussi l’affirmation que « de ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes », en mettant de la sorte les Prophètes au même plan que la Loi, ce qu’aucun pharisien n’aurait fait. Jésus donne ainsi une portée inouïe au grand et premier commandement d’aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme et de tout notre esprit.
La lecture du livre de l’Exode que nous avons entendue tout d’abord a mis devant nos yeux les figures, ô combien actuelles, de l’immigré, la veuve et l’orphelin, le pauvre, notre frère : « un pauvre parmi tes frères ». Ce sont eux le prochain à aimer comme nous-mêmes. Et voici que Jésus dit de ce deuxième commandement qu’il est semblable, pareil, au commandement qui fait partie de la profession de foi juive. Il enseigne ainsi que « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » fait aussi partie de « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. » Et lorsqu’il dit ensuite que « de ces deux commandements dépend – littéralement “est suspendue” comme une porte est suspendue à deux gonds – toute la Loi, ainsi que les Prophètes », il fait de ces deux commandements la clé de lecture de toute l’Écriture : c’est à partir de ces deux commandements que nous de-vons lire toute l’Écriture, et toute la Loi et les prophètes donnera alors à ces commandements une profondeur et une richesse que nous devons creuser toujours.
En écho à ces deux commandements – qui n’en sont en fait qu’un seul – nous avons entendu trois strophes d’un psaume qui commence par ce cri insolite : « Je t’aime, Seigneur, ma force ». « Je t’aime, Seigneur ! » On pourrait traduire « Je t’aime tendrement », car le verbe hébreu employé pour dire « Je t’aime » exprime la compassion, un verbe employé habituellement pour dire la pitié, la miséricorde de Dieu envers nous, un verbe qui dit un amour plein de sentiment. Ainsi avec ce cri du cœur qui ouvre ce psaume nous disons notre amour pour le Seigneur notre Dieu, et pour notre pro-chain comme nous-mêmes, de tout notre cœur, de toute notre âme et de tout notre esprit. Qu’il nous en soit toujours un rappel.