Solennité de l'Ascension, homélie du P. Abbé Vladimir Gaudrat
Chers Frères et Sœurs,
« Voici qu’une nuée vint soustraire Jésus aux yeux des apôtres » avons-nous entendu lire dans les Actes des Apôtres. Dans ce récit symbolique car la nuée est dans la Bible l’image et le symbole de la Gloire de Dieu telle qu’elle s’est manifestée à Moïse au Sinaï, c’est la glorification du Christ dans son humanité qui nous est révélé. Saint Paul dans la lettre aux Philippiens n’écrit pas autre chose lorsqu’il dit que « Dieu a élevé le Christ et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom afin que toute langue proclame que Jésus Christ est Seigneur ». Et c’est de la même manière que la lettre aux Hébreux dit que le Christ n’est pas entré dans un sanctuaire fait de main d’homme mais dans le ciel même. En ce jour, nous fêtons la Seigneurie du Christ, l’aboutissement du chemin qu’il a parcouru parmi nous en se faisant homme, en faisant le bien et se donnant à nous jusqu’à la mort et la mort de la Croix. Et de ce chemin de mort et de résurrection, nous sommes participants, vivant en espérance auprès de lui.
Mais alors que les apôtres le regardent puis ne le voient plus, d’une certaine manière l’Ascension semble être aussi comme le commencement d’une absence. Cette absence n’est pourtant que le début d’une nouvelle forme de présence, car sinon pourquoi les deux hommes vêtus de blanc diraient-ils : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder le Ciel ». Si le Christ n’était plus présent aux hommes et à l’Église, les chrétiens à la suite des Apôtres n’auraient pas d’autre vocation que d’attendre son retour ce qui contient à la fois une part de vérité et qui est en même temps une grande tentation dans laquelle nous sommes parfois tombés.
Chers Frères et Sœurs,
Lors du dernier entretien qu’il eut avec ses apôtres le Christ leur dit déjà comment l’attendre d’une attente qui n’est pas que cela et cela vaut aussi pour nous. Il n’y a pas à sa soucier des temps, pas à se soucier d’un royaume à construire mais à être des témoins jusqu’aux extrémités de la terre. C’est ce qui fait des disciples du Christ non pas d’abord des chrétiens comme un mot que l’on plaquerait sur une identité à défendre mais suivant la première définition que l’on donne d’eux au chapitre 9 des Actes des Apôtres des disciples de la voie, c’est à dire de celui qui a dit de lui même « Je suis le chemin, la vérité et la vie ». Si le Christ nous est encore présent, c’est parce qu’il est la Voie. Pour nous et saint Benoît a très bien compris cela parce que le mot voie revient très souvent dans sa Règle, il n’y a pas d’abord des valeurs à défendre, une identité à protéger et ceux qui disent cela même s’ils sont des hommes d’Église ne cherchent souvent malgré les apparences qu’à protéger leur pouvoir et leurs richesses. Il y a une voie à suivre dont nous savons qu’elle est étroite et resserrée mais qu’à mesure qu’on y avance le cœur se dilate et l’on court avec joie. Il y a cette voie qui n’est pas d’abord une manière de vivre mais un appel à la sainteté, un appel à avoir part à la mort et à la résurrection du Christ, objectif impossible à atteindre pour les hommes mais à Dieu rien n’est impossible. Le Pape François dans son exhortation apostolique à la sainteté et donc à la joie nous dit que cette voie, c’est celle des béatitudes : « Heureux les pauvres, Heureux ceux qui pleurent, Heureux les doux et ceux qui ont faim et soif de justice et celle des critères du jugement dernier tel qu’on les trouve dans l’Évangile de Mathieu : « J’avais faim, j’avais soit, j’étais un étranger et un prisonnier et vous m’avez donner à manger et à boire, vous m’avez accueilli et visité en le faisant à l’un de ces plus petits ».
Chers Frères et Sœurs,
Avec le Christ dans la gloire mais qui vient chaque jour à notre rencontre sous un humble aspect, réjouissons nous d’être des disciples de la voie, une voie qui est la vie et qui peut réconcilier toutes les cultures et les manières de vivre, une voie qui fait que chaque jour nous sommes des débutants pour qui la voie du Christ ne fait que commencer.