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Fête de  St Bernard de Claivaux, homélie du P. Abbé Vladimir

 

« Vous êtes le sel de la terre », « Vous êtes la lumière du monde »
Chers Frères et Sœurs,
Ces mots que le sauveur adresse à ses disciples ne sont pas à comprendre comme une injonction ou un commandement. En effet, Jésus ne leur dit pas : « Soyez le sel de la terre » ou « soyez la lumière ». Il vient de leur dire : « Heureux les pauvres de cœur, Heureux les miséricordieux ». C’est dans la continuité des béatitudes, la charte du Royaume et de la vie en Christ qu’il leur proclame : « Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde ». Cette Parole est une parole performative réalisant en eux ce qu’elle proclame. Elle provient de celui qui est par excellence sel et lumière et donc totalement donné aux autres car le sel n’a de sens que donnant du goût à quelque chose d’autre er la lumière comme éclairant un autre. Elle ne retentit pas que pour ceux que Jésus enseigne sur la montagne. Ce vous qui résonne à deux reprises, ne désigne pas que les disciples. Saint Bernard a reçu aussi ces paroles dans le monde du XII siècle pour briller éclaire et donner la sagesse qui est comme du sel. C’est chacun d’entre nous qui peut se laisser aujourd’hui transformer à son tour par ces mots. Il y a une chaine de transmission du Christ jusqu’à nous, fondée sur des témoins comme l’a été de manière exemplaire le fondateur et l’abbé de Clairvaux que nous fêtons aujourd’hui mais reposant aussi sur de simples personnes comme vous ou moi. Comme le sel et la lumière donnent goût et connaissance, regardons et écoutons saint Bernard nous enseigner et nous montrer comment être les uns pour les autres sel et lumière comme il l’a été lui-même pour son époque.
Mais quels sont ce sel et cette lumière dont l’Évangile nous parle. La lumière est ce qui nous révèle la vérité et le sel ce qui nous la fait gouter. Il n’est donc pas d’autre lumière que celle de l’amour et de la miséricorde et pas d’autre sel que la compassion.
Si Dieu est vérité et lumière, pour Bernard le premier degré de la connaissance de Dieu est la connaissance de nous même dont il dit qu’elle est une connaissance dans les larmes. Elle est une double lumière à la fois sur la miséricorde de Dieu et sur notre misère. Comme il le dit lui-même : « « Pour moi, tant que je regarde en moi-même, « mon œil demeure dans l’amertume ». Mais que je regarde en haut et que je lève les yeux vers le secours de la divine miséricorde, aussitôt la joyeuse vision de Dieu adoucira l’amère vision de moi-même ». Et c’est ainsi que nous pouvons être lumière pour les autres. Et goutant combien le Seigneur est bon et miséricordieux, répandons avec largesse le sel de la bonté et de la compassion sur nos frères et sœurs. Sinon comme le dit Bernard lui-même: « Il est à craindre, si vous ne voyez que la misère du prochain sans faire attention à la vôtre, que vous n’éprouviez de l’indignation plutôt que de la commisération, que vous ne vous sentiez moins porté à secourir qu’à juger et plus disposé à détruire avec fureur qu’à instruire en esprit de douceur, selon ces paroles de l’Apôtre : « Vous autres qui êtes spirituels, ayez soin de les relever dans un esprit de douceur ; »
Cela ne vient pas de nous-mêmes et de nos efforts mais d’une transformation que le Verbe provoque en nous lorsqu’il nous visite et fait retentir en nous ses paroles. Cela n’est pas que pour nous, nous sommes sel et lumière pour tous car le salut nous rassemble dans un corps. C’est ainsi que nous pouvons comprendre l’action de saint Bernard qui disait de lui-même qu’il était la chimère de son siècle tout occupé qu’il était du salut des autres.
Inspiré et éclairé par lui, portons en nous tous les hommes et spécialement les plus pauvres et les plus pêcheurs.