18ème Dimanche - B, homélie du P. Abbé Vladimir
Jea 6, 24-35
Chers Frères et Sœurs,
Le passage de l’Évangile que nous venons d’entendre est pour nous ce matin une parole vivante plus incisive qu’un glaive à deux tranchants. Cette parole nous parle de nous-mêmes pour nous aider à discerner les intentions de notre cœur et nos actions. Elle nous parle des signes. La foule est partie à la recherche de Jésus parce qu’elle a vu un signe mais il y a une méprise à la fois sur ce signe et sur ce que signifie un signe. L‘Évangile selon saint Jean est rempli de signes parce que nos vies sont pleines de signes si nous disposons à les accueillir. « Tel fut le premier des signes de Jésus » nous est-il dit à la fin du récit des noces de Cana. Cette foule a mangé du pain à satiété et veut faire de Jésus son roi. Ce signe avait pourtant été donné à chacun d’entre eux et aux disciples pour leur permettre de découvrir qui est Jésus et pour qu’ils croient en lui. Le signe est un don pour la foi. Il nous tire vers le haut. « Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde ». La foule demande un signe qui soit comme une répétition du passé, un signe qui viendrait d’en bas, rassurant, à son niveau. Parfois, nous aussi, nous sommes tentés de demander de tels signes apparemment à notre portée, nous renvoyant dans le passé, des signes d’en bas. L’unique signe, celui qui les récapitule tous, c’est Jésus, le pain de vie, descendu du ciel, celui qui fait toutes choses nouvelles. Ce signe, c’est le Père qui nous le donne, en nous donnant son Fils, l’image du Dieu invisible. Pourtant ce signe nous est aussi donné par le fils de l’homme, celui qui descend du ciel. Il y a une identité mystérieuse entre le donateur et le don. Et cela sera pleinement manifesté sur le Croix lorsque le sauveur donnera sa vie pour tous les hommes après s’être donné lui-même comme nourriture de vie lors de la dernière cène, après s’être donné lui-même en signe de réconciliation et de pardon lors du lavement des pieds. D’une certaine manière tous les signes que le Père nous donne par son Fils sont résumés, accomplis dans le signe de la Croix.
Et c’est ce signe qui a été fait sur nous au jour de notre baptême pour nous donner la vie, ce signe que nous faisons sur nous tous les jours pour célébrer la vie que nous avons reçu, c’est par lui que nous discernons ce qui est bon. Folie aux yeux des hommes, sagesse pour le croyant. Ce signe il se déploie dans toute sa richesse et sa nouveauté lorsque nous accueillons Celui qui vient à nous pour nous donner sa vie, dans sa Parole, dans ses sacrements, dans nos frères jusqu’aux plus pauvres et aux plus différents, lorsque nous l’accueillons au plus intime de nous–même quand il nous donne sa paix, qu’il nous réconcilie. Signe humble et toujours nouveau non affirmation d’une fausse gloire du passé, signe de pardon et de miséricorde inépuisable et non signe de pouvoir et de domination, signe de partage et de communion et non signe identitaire nous séparant les uns des autres, signe du service mutuel que nous nous donnons les uns aux autres.
« Celui qui vient à Lui n’aura plus jamais faim ; celui qui croit en Lui n’aura plus jamais soif ». Ce signe, nous ne pouvons l’accueillir qu’en le donnant à notre tour à l’image de Celui qui nous donne sa vie. Il a mangé avec les publicains et les pécheurs, il nous dit qu’au banquet du royaume les pécheurs et les prostituées nous précéderons. Ce signe nous le célébrons dans l’eucharistie, mémorial de la dernière cène où le Christ voulut s’offrir et se donner pour tous.