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20ème dimanche A, homélie de frère Marie

Les lectures de ce jour nous interrogent sur le sens de la mission de l’Eglise envers le monde et du sens de cette mission pour chacun des membres du Christ que nous sommes.
« Ma maison s’appellera : maison de prière pour tous les peuples » nous dit Isaïe.
« Ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les nations » nous dit le psaume. « Le monde a été réconcilié avec Dieu. Les dons gratuits de Dieu sont sans appel et sans repentance. » Nous dit St Paul. Et dans l’évangile de ce jour une étrangère va avoir part au même pain que les élus.
Jésus se retire dans la région de Tyr et Sidon. Jésus se poste à la frontière entre deux mondes, le monde des juifs et des païens. Comme toute frontière elle peut être exclusion ou lieu de rencontre et de passage. Ainsi Jésus se poste ainsi sur toutes les frontières de nos vies qui nous séparent de l’autre différent.
Une femme Cananéenne avait entendu parler de Jésus, une renommée qui faisait tourner son cœur vers l’espérance que Jésus pouvait délivrer sa fille. Cette femme d’origine païenne s’approcha de lui avec une insistance et une confiance déroutante. L’évangéliste Matthieu combine dans la supplication de cette païenne des titres christologiques propres aux premières communautés chrétiennes : « Seigneur ! et Fils de David ». Le titre Fils de David issu probablement des communautés chrétiennes d’origine juive et Seigneur titre plus usité par les communautés chrétiennes d’origine païenne. Ainsi à travers ce récit se pose la question du défi de l’accueil et de l’intégration en Eglise des diverses provenances, d’origine et de culture. Les risques d’exclusion, d’appartenance ou de communautarisme se tiennent eux aussi à nos frontières personnelles et ecclésiales lorsqu’il s’agit de rencontrer et d’accueillir les différences. Défi toujours d’actualité dans nos sociétés si pluralistes. Dans la vision de l’ancien Israël, même si à travers les prophètes les nations sont appelées à rallier le Dieu de l’Alliance, cependant certains peuples comme les cananéens semblaient à jamais exclus : « Tu ne concluras pas d’alliance avec eux » dit le Deutéronome.
Face aux cris d’espérance de cette femme, Jésus se retrouve confronté au sens de sa mission : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël », répond-il d’abord. Si en Matthieu Jésus accompli les prophéties et la loi c’est qu’il vient à nouveau rassembler ce peuple qui n’a plus de guides et le guider vers le royaume promis. La première mission d’Israël était d’être témoin et lumière au milieu des nations du Dieu vivant et Unique. Mission que le Christ va élargir à l’Eglise de toutes les nations. Pour reprendre l’expression du Pape François : les périphéries appellent. Avec Jésus nous devons nous tenir en éveil aux diverses frontières de notre monde, être attentifs à ses appels pour être des ponts en vrais disciples du Christ. Pour Jésus c’est tout le sens de sa mission qui se joue là : vers qui le Père l’a t’il envoyé ? Mais le récit interroge toute la communauté chrétienne : à quelle communion dans la diversité sommes-nous appelés ? Le Christ n’appartient pas aux factions d’Eglise, mais tous nous appartenons au Christ.
Le Christ fait sauter les murs d’exclusion.
Les païens mangent au même pain que les élus, les miettes que la Cananéenne réclame appartiennent à un même et unique pain, le pain de vie, celui que le Père a envoyé pour que le monde ait la vie. Le Christ lui-même fait de toutes ces miettes un seul pain, il s’est lui-même émietté. Le critère n’est plus l’appartenance d’origine, la provenance, mais la foi en Jésus, l’espérance qu’il éveille.
Nous non plus, nous ne sommes pas enfermés en Eglise, nous faisons partie de ces miettes ramassées en un seul pain, c’est la foi en Lui qui nous rassemble, et notre mission avec le Christ est d’accueillir, d’aider fraternellement ceux qui se laissent toucher par les petites voix qui murmurent la présence de Dieu parmi les hommes.