1er Dimanche du Carême, homélie du P. Abbé Vladimir
Chers Frères et Sœurs,
L’Esprit pousse Jésus au désert. Il y demeure 40 jours tenté par Satan. Il vivait avec les bêtes sauvages et les anges le servaient. Être tentés, nous savons très bien, du moins je le crois, ce que cela signifie. Si nous nous examinons avec sincérité, nous découvrons en nous cette connivence, cette attirance avec ce dont nous savons pourtant très bien que cela ne nous convient pas, que cela ne nous conduit pas à plus d’humanité, en bref le mal. Nous désirons ce que d’un autre point de vue nous ne voulons pas et c’est ce qui provoque en nous ce combat qu’est la tentation. Sans cette secrète connivence, cette attirance, cette pensée dirait les anciens moines qui oriente notre désir, pas de tentation. Mais sans un désir plus profond de faire ce qui nous construit, car c’est cela le bien, il n’y a pas de tentation non plus. Alors il pourrait nous sembler et c’est ce dont se lamente saint Paul en parlant de lui-même que nous sommes comme écartelés entre deux forces contradictoires.
L’Esprit pousse Jésus au désert. C’est juste après son baptême, lorsque la voix venant des cieux le manifeste comme le Fils bien aimé, Celui en qui le Père trouve sa joie. Jésus est tenté mais si nous savons ce qu’est la tentation en nous, la tentation du Fils Bien Aimé reste pour nous un mystère. Il n’y a pas en lui cette connivence avec le mal que nous trouvons en nous. À Celui qui est l’un de la Trinité, s’applique cette affirmation du prophète « Tes yeux sont trop purs pour voir le mal ». Jésus est tenté mais comme nouvel Adam venant récapituler en lui pour en être vainqueur tout le combat que nous livrons au père du mensonge. Jésus est tenté mais cette tentation est un mystère de salut. Elle manifeste son humilité qui guérit de l’orgueil qui est à l’origine de tout péché.
Jésus est tenté et le récit pourtant brusque et schématique de Marc est plein d’enseignement pour nous en ce début de carême. Dans son séjour au désert, il ressaisit toute l’histoire du salut pour la mener à son accomplissement. Avec lui, nous sommes en désert durant ce temps de carême et nous sommes invités à y vivre comme lui une simple confiance au Père. Comme Jésus, tout au long de sa vie jusqu’à sa passion, sa mort et sa résurrection, utilisons ce temps de dépouillement pour grandir dans la confiance en renonçant à tant d’aides illusoires. Le carême est un chemin avec le Christ qui commence aujourd’hui au désert et dans ce chemin, nous rencontrerons la tentation mais ce qui est premier ce n’est pas la tentation c’est l’amour et la miséricorde de Dieu. Jésus triomphe de la tentation pour nous montrer qu’elle ne nous conduit pas à une fatalité inéluctable mais que nous pouvons toujours reprendre le chemin avec lui. Il triomphe pour nous et avec nous. Avec lui, nous ne sommes plus écartelés mais vainqueurs.
Chers Frères et sœurs,
Les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche. Avec le Christ, prions le père dans le secret, grandissons dans la nouvelle fraternité qu’il a instauré entre tous les hommes, dépouillons nous de l’accessoire.