Dimanche de Pentecôte, homélie du P. Abbé Vladimir
Chers Frères et Sœurs,
Lorsque Luc dans les Actes des Apôtres entreprend de raconter ce qui est arrivé à Jérusalem 50 jours après la Résurrection du Christ, il se situe dans le cadre de la fête juive de la Pentecôte qui achève le temps commencé avec la célébration de la Pâque et qui fait se rassembler dans la ville sainte des juifs de toute la diaspora. À l’époque de Jésus, cette fête était devenue de plus en plus une fête de l’alliance, voir une fête célébrant le don de la loi. Quelques années après le récit des Actes, un rabbin ira jusqu’à affirmer pour résumer l’opinion commune : « La Pentecôte est le jour où la Loi fut donnée ». Toutes les images que Luc utilise, le bruit, le feu, la voix qui parle d’autres langues se trouvent déjà dans le livre de l’Exode lorsque Dieu se révèle et donne la loi sur le mont Sinaï. Philon d’Alexandrie, un auteur juif antérieur de quelques dizaines d’année à notre texte fait un commentaire de l’Exode qui peut nous sembler très proche : « Alors du sein du feu qui s’épanchait du ciel, retentit une voix absolument saisissante, la flamme devenant langage articulé familier aux auditeurs ». Ce commencement de l’Église que Luc évoque est dans la continuité de la révélation au Sinaï et du don de la loi comme il est l’aboutissement, l’achèvement de la mort et de la résurrection du Christ. Dans son vocabulaire propre, Paul dans le passage de la lettre aux Galates que nous venons d’entendre ne veut rien dire d’autres lorsqu’il dit que lorsqu’on se laisse conduire par l’Esprit, la loi n’intervient pas. L’Église naît avec le don de l’Esprit, avec ce que St Thomas d’Aquin appelle la loi de l’Esprit de Vie et elle nait universelle. C’est ce que dit les deux faces de ce que Luc décrit : Ceux qui sont rassemblés tous ensemble dans l’unité se mettent à parler dans d’autres langues que les leurs et chacun les comprend dans sa langue maternelle.
Si la loi qui nous unit est celle de l’Esprit de vie, de l’Esprit de communion et d’amour. Si cette loi, c’est la Charité qui seule subsistera, ce n’est pas que marcher sous la conduite de l’Esprit soit la voie de la facilité. Dans l’Évangile, avant de subir sa passion, Jésus nous promet que cet Esprit qu’il va nous envoyer nous conduira vers la vérité toute entière pour que nous rendions témoignage. On sait combien ce mot de témoignage se conçoit dans un contexte de persécution dans l’Évangile de Jean. Cette vérité tout entière n’est pas quelque chose de nouveau mais le déploiement de ce qui est révélé par le Sauveur dans toute sa vie, par sa mort et sa résurrection. Si l’Église nait de l’Esprit, chacun de ses membres nait en elle comme un témoin livré jusqu'au bout par cet amour qui se donne. L’amour de Dieu s’est donné dans la Loi, il se donne par la mort et la résurrection agissant en nous par l’Esprit que nous avons reçu au baptême. Amour dont nous pouvons témoigner par les fruits de l’esprit : « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. Amour dont nous devons témoigner jusqu’au martyr qui est le témoignage par excellence et qui ne requiert pas forcément le sang. Amour qui nous comble au delà de ce qui est imaginable.
Chers Frères et Sœurs, pour que notre Église soit toujours plus universelle, comme les apôtres apprenons à parler la langue des autres, apprenons à les rencontrer.