2ème dimanche de l'Avent, homélie de frère Marie
Mc 1,1-8 Is 40,1-5.9-11 Ps 84 2P3, 8-14
« Ne laisse pas le souci de nos tâches présentes entraver notre marche à la rencontre de ton Fils, mais éveille en nous cette intelligence du cœur qui nous prépare à l’accueillir et nous fait entrer dans sa propre vie. » nous fait demander l’oraison de ce jour.
Cette oraison nous invite à un double mouvement ; celui de la rencontre, qui passe par une remise en ordre, à la lumière de l’Evangile, de nos habitudes, nos attachements, de ce qui peut encombrer notre esprit ; et un mouvement d’accueil et d’écoute qui passe par tout ce qui peut éveiller et entretenir notre foi.
Commencement de l’Evangile de Jésus Christ Fils de Dieu, nous dit St Marc ; la Bonne Nouvelle, l’Heureuse Nouvelle c’est Jésus lui-même dont la liturgie de ce jour nous invite à préparer ses chemins, à laisser sa présence envahir nos vies.
Jésus est cette parole même de Dieu qui vient réaliser l’annonce du prophète Isaïe : « Consolez, consolez mon peuple, parlez au cœur de Jérusalem », oui Jésus est cette parole de Dieu qui console et pénètre le cœur, qui met tout en lumière, cette parole qui juge avec douceur et équité, cette parole qui dégage les voies de notre liberté en nous déliant de nos péchés et en nous régénérant par son baptême dans l’Esprit Saint. Tout ce que l’Esprit Saint opère en Jésus il l’opèrera en nous. En premier lieu une nouvelle intelligence, un nouveau regard sur les réalités qui nous entourent et nous habitent ; le regard et l’intelligence de Jésus même. Nous avons la pensée du Christ dira St Paul. C’est cette pensée du Christ, qui nous habite, qui nous entraine sur un chemin de conversion. Notre vie spirituelle est une lutte spirituelle pour harmoniser, modifier nos agissements en ce monde, et le plus souvent mourir à nos vues propres pour les ajuster aux siennes et ainsi entrer dans la nouveauté de l’Esprit.
Dans l’Esprit Saint la vie concrète de Jésus est relue comme parole normative pour toute l’existence du chrétien dans le monde. Il ne s’agit pas seulement de bien se comporter, mais de placer sa vie sous la Parole. Cette parole qui ouvre un monde nouveau, une création nouvelle en laquelle justice et paix s’embrassent, amour et paix se rencontrent. Là se trouve l’appel, le défi permanent de notre conversion.
Jean le baptiste annonce cette venue, et en l’annonçant il s’efface devant celui qui va nous entraîner sur les chemins de l’Esprit : « Moi, je vous baptise d’eau, dit-il, mais celui qui vient, lui vous baptisera d’Esprit Saint ». Dans la tradition juive l’eau est symbole de la Torah, de la Loi. Le baptême d’eau remet dans l’axe de cette vie vers Dieu. Ainsi dans le psaume 1, le sage, l’homme en chemin de bonheur, qui fuit le mal, est comparé à un arbre qui plonge ses racines dans le courant et porte des fruits en son temps. Mais Jean annonce quelque chose de plus que la Torah, il annonce l’Esprit de celui qui a été oint d’en haut, un haut-delà de la Torah, la manifestation de l’œuvre de Dieu lui-même, son Esprit, sa Parole vivante.
Les convulsions incessantes de notre monde, la récurrence de nos hauts et de nos bas, pourraient nous faire penser que le Seigneur tarde à tenir sa promesse, qu’il se tait comme l’écrit la deuxième lettre de Pierre. Mais s’il se tait pour retenir son jugement, c’est pour que tous parviennent à la Vie, à la conversion. Cependant il ne se tait pas pour faire retentir sa parole à nos oreilles et à nos cœurs. Cette parole qui éveille nos cœurs à la présence au milieu de nous de celui qui doit venir et qui vient.