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Jeudi de l'Ascension, homélie du P. Abbé Vladimir

Chers Frères et Sœurs,
La liturgie de ce jour nous offre un paradoxe. Les Actes des Apôtres nous montrent deux hommes en vêtements blancs disant aux Apôtres : « Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel » et dans l’Évangile de Mathieu nous entendons le Christ nous dire : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ». Ce paradoxe qui n’est pas une contradiction est précisément ce que nous célébrons en cette fête de l’Ascension. Le Christ, dont nous attendons le retour, se rend aussi présent au jour le jour bien réellement même si c’est d’une autre manière. Et notre vie pour être pleinement humaine doit être toute entière tendue entre cet aujourd’hui où le Sauveur est avec nous et ce monde à venir où il reviendra pour tout restaurer en plénitude.
Cette présence pour l’évangéliste Mathieu passe par une ouverture à tous les groupes humains, sans aucune discrimination, ouverture qui se manifeste par un envoi. Sur la montagne le Christ annonce son Royaume, un Royaume universel qui n’aura pas de fin. Cette montagne où il a ordonné à ses disciples de se rendre s’oppose d’une certaine manière point par point à la très haute montagne où le tentateur avait montré à Jésus en les lui proposant tous les royaumes du monde et leur gloire. En effet, le pouvoir dont le Sauveur parle se manifeste dans l’annonce d’un salut ouvert à tous, en baptisant et en formant des disciples, par le service et non par la domination. Et c’est un point sur lequel, tous et moi le premier nous devons nous convertir car le service gratuit est une chose si précieuse et rare.
« Allez de toutes les nations, faîtes des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ».
C’est dans cette aventure qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui que le Christ se rend présent, une aventure tourné vers l’avenir et non vers le passé, une aventure qui n’est pas la conservation d’une identité mais l’ouverture sur le Royaume qui vient.
Et dans cette ouverture sur le Royaume, c’est par l’accomplissement des commandements que nous rendons et percevons le Christ présent.
Ces commandements ne sont pas pesants, ils se résument, se condensent en la loi d’amour. Comme le dit la lettre aux Éphésiens : « En vivant dans la vérité de l’amour, nous grandirons pour nous élever en tout jusqu’à celui qui est la Tête, le Christ » et nous rendrons ainsi le Christ présent au milieu de nous. C’est la mission qu’il confie à chacun d’entre nous et pour laquelle nous avons tous un rôle à jouer. Mais comme il nous l’a dit, il se rend aussi présent lui-même, en personne, et nous donne de le rencontrer de multiples manières à, chaque instant. C’est ce que l’on découvre dans le même Évangile de Mathieu : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux». Et ce peut être notre assemblée de ce matin. Mais Le Sauveur nous dira aussi lorsqu’il reviendra : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! »
En cette fête de l’Ascension, laissons nous saisir par l’urgence de la conversion, elle qui nous détourne de l’accessoire pour nous centrer sur l’essentiel, le Christ présent et vivant au milieu de nous en nous donnant déjà les mœurs du Royaume.