Nativité de St Jean le Baptiste, homélie du P. Abbé Vladimir
Chers Frères et Sœurs,
Saint Jean Baptiste que nous célébrons aujourd’hui a été considéré très tôt par les moines comme un précurseur et un modèle de la vie qu’ils mènent. Mais comme la vie monastique s’enracine dans le baptême, ce témoignage de Jean peut dire aussi quelque chose à tous les baptisés. Eucher de Lyon qui fut moine sur cette île au cinquième siècle dans son éloge du désert nous le montre vivant au désert, « précurseur et témoin du Christ, digne d’entendre la voix du Père et de voir descendre l’Esprit alors qu’il baptisait le Fils ». Les Évangiles nous le montrent, comme un prophète, vivant au désert, annonçant le premier le Royaume et la conversion, vêtu d’un vêtement de poil de chameau, une ceinture de cuir autour des reins, se nourrissant de sauterelles et de miel sauvage.
De poil de chameaux, de sauterelles et de miel sauvage, nous ne pouvons guère trouver sur cette île mais nous pouvons contempler le plus grand parmi ceux qui sont nés d’une femme tel qu’il est représenté dans notre réfectoire, vêtu d’un manteau rouge tenant à la main un livre sur lequel se trouve un agneau. Comme le prophète Isaïe l’avait annoncé, il est la voix qui crie dans le désert précédant et annonçant la Parole, le Verbe fait chair. Et cette Parole de Dieu encore vivante et efficace, nous n’avons pas d’autre moyen pour la découvrir que de la chercher dans le livre des écritures. C’est par cette référence aux Écritures qui ne font que nous conduire à Celui qui s’est fait pour nous le Chemin, la Vérité et la Vie que Jean Baptiste nous révèle quelque chose de notre vie monastique et aussi de la vie de tout baptisé. Ne préférons absolument rien au Christ que nous trouvons chaque jour dans sa Parole. Si le désert est la richesse des moines, c’est parce qu’il devrait nous permettre d’écouter cette parole sans que rien ne puisse la troubler. Demandons à Saint Jean Baptiste de nous faire aimer toujours davantage le désert en nous simplifiant et de nous faire trouver tous les bons moyens pour nous créer des espaces de désert dans nos vies.
Jean Baptiste montre aussi l’agneau. Voyant venir Jésus il dit : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Sa mission comme prophète est de révéler aux hommes Celui qui est le pardon en personne. Être chrétien et donc être moine, c’est vivre dans la pleine conscience que nous sommes pardonnés et invités à pardonner. C’est de cette manière que nous devenons des fils comme nous le dit le Notre Père que nous récitons plusieurs fois par jour. A l’école de Jean, apprenons la grâce du pardon qui se fait don et qui va jusqu’au don de la vie que symbolise ce manteau rouge. C’est aussi cela la grâce du désert que de nous recentre sur cet essentiel. Qu’au désert avec Jean baptiste nous apprenions à témoigner jusqu’au sang non de la haine et de la violence mais de l’amour et du pardon.