2ème dimanche-A, homélie du P. Abbé Vladimir
Chers Frères et Sœurs,
En ce deuxième dimanche de carême, voici que nous sommes à l’écart avec le Christ Jésus sur la montagne. Dans l’Évangile selon saint Mathieu, il y a de nombreuses montagnes où le Sauveur se manifeste. Dimanche dernier, nous avons entendu comment le diable emmène le Fils de Dieu là aussi sur une très haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire. « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi ». Cette haute montagne, tout au début de l’Évangile renvoie à une autre montagne où les disciples se rendent après la résurrection : « Les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes. Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ».
Après la résurrection, il n’y a plus aucune ambigüité possible sur l’autorité reçue par Jésus. Elle lui est donnée par son Père après sa mort et sa résurrection. Cette domination universelle ne peut être confondue avec aucune royauté de ce monde et nous y serons associés pour notre salut et celui du monde entier. Comme le dit la lettre à Timothée : « Notre Sauveur s’est manifesté, il a détruit la mort et il a fait resplendir la vie et l’immortalité ». De manière paradoxale, il l’a fait en se manifestant comme serviteur souffrant. Pour Pierre qui ne peut encore comprendre cela lorsque le Sauveur annonce sa passion aux apôtres mais aussi pour nous instruire, Jésus gravit une haute montagne et y est transfiguré. Comme le dit Léon le Grand commentant notre Évangile : « C’est par le labeur que l’on parvient au repos, par la mort que l’on parvient à la vie puisque le Christ a accepté toute la faiblesse de notre pauvreté ».
Et c’est cette pauvreté et cette faiblesse que nous avons tous en commun que nous voyons transformées, transfigurées sur la montagne. Moïse et Élie, la loi et les prophètes mais surtout deux prophètes puisque le deutéronome nous dit après la mort de Moïse qu’il ne s’est plus levé en Israël un prophète comme lui, s’entretiennent avec Jésus. Il n’y a auprès de lui ni David, ni Aaron. Jésus ne vient ni pour rétablir la dynastie de David et fonder un royaume, ni pour purifier et réorganiser le culte du temple dont il annonce qu’il sera détruit. C’est grâce aux prophètes et aux psaumes qui sont pour la tradition ancienne de l’Église un livre prophétique que nous pouvons comprendre en profondeur la passion, la mort et la résurrection du Sauveur. La royauté et le temple ont échoué et Jésus inaugure une voie nouvelle comme il l’avait déjà fait d’une certaine manière lors de son baptême dans le Jourdain. Il se fait serviteur, il se fait péché pour nous, il va gouter de la mort pour nous en nous invitant à marcher sur ses traces. C’est ce chemin que la transfiguration nous montre comme un chemin de lumière. C’est ce chemin auquel nous sommes tous invités, chemin d’humilité et d’obéissance si l’on en croit saint Benoît dans sa règle.
Écoutons la voix qui sort de la nuée : « Celui-ci est mon Fils bien aimé en qui je tr