3e dimanche de carême – A, homélie de frère Bartomeu
Chers frères et sœurs, après avoir été avec Jésus au désert où il a été tenté par le diable (Mt 4,1 – 1er dimanche de carême), après avoir été avec Jésus sur la haute montagne où il a été transfiguré devant Pierre, Jacques et Jean (Mt 17,1 – 2e dimanche de carême), nous voici aujourd’hui, dans notre route avec lui vers Jérusalem, à Sykar, une ville de Samarie.
Et là nous assistons à une scène qui étonne tout le monde, autant les disciples que la femme qui venait puiser de l’eau et qui « lui dit : “Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ?” – En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains. » Ce que d’ailleurs les samaritains le leur rendaient, comme nous le voyons en une occasion où, alors que les disciples « entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue, on refusa de le recevoir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem » (Lc 9,52-53).
Mais voici donc que « Jésus arriva à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph. Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source. C’était la sixième heure, environ midi. »
Et c’est donc une femme samaritaine et ensuite beaucoup de samaritains de cette ville qui nous accompagnent dans notre confession : « nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »
Les samaritains, regardés avec mépris par les juifs, ont une place spéciale dans l’enseignement et la vie de Jésus. Dans la parabole de l’homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho et qui tomba sur des bandits, c’est « un Samaritain, qui était en route, qui, arrivé près de lui, le vit et fut saisi de compassion. » Et Jésus dira au docteur de la Loi de faire comme le samaritain : « Va, et toi aussi, fais de même. » (Lc 10,30-37)
Une autre fois, alors que, comme aujourd’hui, il marchait vers Jérusalem et traversait la région située entre la Samarie et la Galilée, Jésus guérit dix lépreux qui vinrent à sa rencontre, et voici qu’un seul d’entre eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix, et se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Et l’évangéliste remarque : « Or, c’était un Samaritain. » (Lc 17,11-16)
Nous nous souvenons aussi qu’une fois les Juifs, pour l’insulter, « répliquèrent à Jésus : “N’avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain et que tu as un démon ?” » (Jn 8,48)
Ces samaritains sont l’image de ce que nous sommes, et nous devons les prendre pour modèle. C’est Jésus lui-même qui a pris l’initiative et qui, fatigué par la route, s’est assis à notre côté.
Comme nous l’a dit l’apôtre Paul : « Alors que nous n’étions encore capables de rien, le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les impies que nous étions. »
Poursuivons notre chemin vers Jérusalem.