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Fête de l'Annonciation, homélie de frère Marie

 

C’est dans la lumière de la Pâque et de la résurrection que nous célébrons aujourd’hui la fête de l’Annonciation, comme pour revenir au premier élan, au premier oui qui a tout mis en chemin. Le oui de Jésus, le oui de Marie.
En entrant dans le monde le Christ déclare : « Me voici, je suis venu pour faire ta volonté » Ps 39 ; He 10, 9. A l’annonce de l’Ange Marie répond : « Que tout m’advienne selon ta parole » Lc 1, 38
En entendant à nouveau résonner dans l’évangile de ce jour la salutation de l’Ange à Marie : « Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. », nous entendons les pas de celui qui s’approche, qui vient pour combler le monde de sa paix, de sa justice et de sa vie et de son amour.
Nous comprenons que si cette salutation est portée par un Ange, elle ne vient pas portée par le bruit des médias, ou le bruit des mille et une rumeurs de ce monde. Non elle résonne dans un espace de silence, d’écoute attentive, elle résonne dans un cœur éveillé, un cœur qui espère, un cœur qui désire, un cœur rempli et nourri de promesses séculaires, un cœur qui croit que tout est encore possible à Dieu, le cœur de Marie.
Les promesses, les alliances, la Loi, Marie de Nazareth était toute pétrie de cet héritage. En Marie tout cet héritage se fait l’écho d’une nouveauté tout aussi radicale qu’impensable. Tout comme Abraham qui eut foi en Dieu et qui se mit en route sans savoir où il allait et qui offrit son fils en ayant foi en la promesse divine, ainsi Marie pleinement préparée par l’Esprit de Dieu fut bien plus qu’un prophète ou un ami de Dieu, elle s’engagea sur ce chemin unique et inconnu de la maternité du Verbe divin, du Prince de la Paix.
Celui qui vient, qui s’approche et qui se tient là à la porte et qui frappe est le Prince de la Paix, le fils du Très-Haut, celui qui gouverne l’univers avec douceur.
La paix de ce Prince n’est pas celle du monde faite d’équilibre de compromis, toujours fragiles, calculés et pas toujours justes. La paix de ce Prince désigne elle, une plénitude, plénitude de vie, une plénitude d’amour, une plénitude de communion. Cette plénitude que nous célébrons en ce temps de pâques, qui resplendit dans le Christ Jésus mort et ressuscité, cette plénitude qui nous est communiquée dans le don de l’Esprit Saint, comme première avance de l’héritage de notre filiation en Christ. Esprit Saint qui nous entraine dans les voies du oui de Jésus et de Marie.

Pour la fête de ce jour le père cistercien St Aelred de Rievaulx écrit ceci :
« Par la conception du Seigneur et sa naissance, le monde entier a commencé à émigrer et à passer du pouvoir du diable au Royaume du Christ. » Aelred de Rievaulx, sermons pour l’année, S 38, 2

Ainsi cette fête nous invite à émigrer, à nous mettre en chemin par l’écoute amoureuse de la Parole de Dieu, à émigrer par notre adhésion à la lumière du Christ ressuscité, à émigrer par les chemins de la foi et de l’amour sur la terre des vivants, terre des vertus du Christ et de la sainteté. A émigrer vers nos frères et sœurs en humanité, à émigrer vers tous ceux qui souffrent et qui cherchent une vie meilleure. Le oui de Jésus, le oui de Marie nous met en route vers la terre de l’offrande de nous-mêmes, en esprit et en vérité, en confiant nos vies au dessein bienveillant du Père.