St Etienne, martyre, homélie de frère Marie
Hier nous fêtions la naissance d’un enfant, le Verbe de Dieu en notre chair, aujourd’hui à travers St Etienne nous fêtons l’Eglise naissante qui témoigne de sa foi en Christ. Le sang des martyrs est semence de chrétiens, disait Tertullien au 2ème siècle. Cette semence est toujours d’actualité.
Il y a peu de temps l’Eglise vient de béatifier des témoins de la foi, des sœurs, des frères qui parmi tant d’autres anonymes ont semés leur vie dans la terre d’Algérie. Ce sont d’autres Etienne, mais baptisés, temple de l’Esprit Saint, ne sommes-nous pas aussi des témoins de la foi, de notre enracinement en Christ, au jour le jour ?
L’Evangile reste un signe de contradiction qui vient éveiller nos consciences de chrétiens au cœur d’un monde tiraillé par les soifs d’avoir ou de pouvoir ou de son propre ‘bien-être’, au détriment ou au mépris de la dignité fondamentale de tout être humain pour qui le Christ a versé son sang.
Etienne rempli de l’Esprit Saint, avait son regard tourné vers le ciel, nous dit le récit des Actes des apôtres, et il contemplait les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout, vivant, à la droite de Dieu. Ce qui nous est décrit là, est le regard de foi, le regard de foi au cœur de la vie chrétienne, regard qui contemple les cieux ouverts par le Christ, ancre de notre espérance. Mais ce regard dirigé vers le Haut, ne nous arrache pas aux réalités de la terre, au contraire il nous les fait aimer comme Dieu les aime pour les élever, vers son Fils, son Unique.
Ce ne peut être que la foi qui nous rend capable de contempler dans l’enfant de la crèche le Verbe de Dieu fait homme, comme ce n’est que la foi qui nous fait contempler dans le mystère pascal ce même Verbe de Dieu qui s’anéantit jusqu’à la mort sur une croix, pour briser les murs de séparations, briser la haine, et qui est exalté dans la gloire du Père, d’où nous est communiqué toutes grâces.
Car Dieu n’a de cesse de nous rejoindre, de vouloir nous relier, non seulement à lui, mais aussi nous relier au mystère de toute femme, tout homme, dont Dieu en son Fils s’est fait solidaire. La vie du Christ nous fonde sur le Roc, elle nous construit en humanité et en enfants de Dieu, elle nous rend témoins de la vie offerte.
L’évangéliste Matthieu nous dit que si nous témoignons de la foi, c’est l’Esprit Saint qui parle en nous.
L’Esprit est l’Esprit de vérité, qui nous enseigne et nous fait comprendre et intégrer la vie de Jésus. Cette vie du Christ s’intègre en nous par la charité, une charité active : une charité qui se fait partage et fraternité comme nous l’a rappelé le Pape François.
Comprendre et intégrer la vie de Jésus c’est aussi ouvrir un dialogue constant avec le monde, au-delà des clivages identitaires, idéologiques ou religieux. Et en bien des contextes nous savons que c’est un dialogue risqué, voire au risque de sa vie.
L’amour est l’essence-même de Dieu, Dieu est Amour nous dit St Jean, et l’amour a été répandu en nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné, nous rappelle St Paul. Esprit Saint qui ne cesse de gémir en nous, car cet amour est en quête de partage, en quête de communion et de fraternité, en quête d’échanges. Comme nous le rappelle l’apôtre Paul, cet amour est folie aux yeux des pouvoirs de ce monde, car il est accueil et don de soi aux autres, don et pardon. N’éteignions pas l’Esprit. N’ayons pas peur d’être signes de contradiction au cœur de ce monde.
St Etienne que nous fêtons en ce jour a laissé naître le Christ en lui, il est devenu temple de l’Esprit du Christ et il est devenu expression de son amour pour l’humanité, cette humanité qui a besoin de lumière, de compassion et de miséricorde.