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22e dimanche A, homélie de frère Bartomeu

Chers frères et sœurs, dans la lecture de l’évangile que nous entendons les dimanches – cette année celui selon saint Matthieu – dimanche dernier Jésus était encore en Galilée, « dans la région de Césarée-de-Philippe » (Mt 16,20). Mais nous venons d’entendre que désormais commence une étape décisive de sa vie : « Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter. » « Souffrir beaucoup, être tué, ressusciter ». Tout à l’heure, dans la Profession de foi, nous dirons : « Il souffrit sa passion et fut mis au tombeau. Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Ecritures. » C’est le cœur de notre foi.
Mais voici que « Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches : “Dieu t’en garde, Seigneur ! cela ne t’arrivera pas.” » C’était la première fois que les disciples entendaient l’annonce de la passion et Pierre ne pouvait pas le comprendre. Alors « Jésus, se retournant, dit à Pierre : Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »
Quel contraste avec ce que Jésus lui avait dit dimanche dernier : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église » (Mt 16,18). — C’est au diable, alors que le tentateur s’était approché de lui au désert, que Jésus avait dit : « Arrière, Satan ! » (Mt 4,10). Et maintenant il dit à Pierre « Passe derrière moi, Satan ! » — Dimanche dernier il lui avait dit aussi : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux » (Mt 16,17). Et maintenant il lui dit : « tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » — Et alors qu’une fois il avait dit : « Celui qui est une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, il est préférable pour lui qu’on lui accroche au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’il soit englouti en pleine mer » (Mt 18,6), il dit maintenant à Pierre : « Tu es pour moi une occasion de chute. »
Il nous viendrait spontané de dire : pauvre Pierre ! Ses pensées n’étaient pas celles de Dieu, mais celles des hommes. Mais est-ce que nous, qui nous disons chrétiens, nos pensées sont bien celles de Dieu ? C’est pourquoi ce que Jésus a dit alors à ses disciples s’adresse à nous, qui sommes aussi ses disciples : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » Et l’image de la croix que chacun doit prendre nous fait comprendre que chacun doit s’identifier à Jésus qui « souffrit sa passion et fut mis au tombeau, et ressuscita le troisième jour, conformément aux Ecritures. »
« Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem… » C’est la première annonce de la Pâque, que nous célébrons chaque dimanche, Jour du Seigneur. « Nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus, nous proclamons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. »
L’eucharistie est le sacrement de notre identification avec Jésus Christ. Et toute notre vie doit être, selon la formule de saint Benoît, « participer par la patience aux souffrances du Christ pour mériter d’avoir part à son royaume. » (Règle de saint Benoît. Prologue, 50)