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Dimanche des Rameaux-A, homélie du P. Abbé Vladimir Gaudrat

Chers frères,

Alors que nous avons accompagné avec nos rameaux et nos chants le Sauveur dans son entrée triomphale à Jérusalem, il nous faut maintenant l’accompagner jusqu’à la Croix. C’est l’amour qui nous pousse à le faire car nous savons que c’est par la Croix dont le Sauveur a transformée le sens que le monde est racheté et que nous accédons au Royaume.
Les foules qui acclamaient le Christ demandent maintenant sa mort. C’est l’univers tout entier qui semble, à cet instant, être sous l’emprise de la haine, du mensonge et de la violence. L’obscurité se fait sur toute la terre, celle-ci tremble et les rochers se fendent. Voici comment le sauveur comme le dit saint Bernard « s’est immergé au plus épais et au plus profond de l’universelle misère humaine ». Il a pris la condition de serviteur et s’est fait semblable aux hommes. Il a rassemblé tous les cris de l’humanité pour s’exclamer avec le prophète : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonné ? ». Il s’est fait la voix de toute l’humanité et voici qu’il est seul puisque tous ses disciples se sont enfuis et l’ont abandonné. Il est seul, couvert d’un manteau rouge et couronné d’épines, crucifié et rallié par la foule. Il est seul avec pourtant les femmes qui regardent de loin et Joseph qui va trouver Pilate mais cela nous ne le saurons qu’à la fin.
Et nous voici, petit troupeau suivant de loin, cherchant nous aussi à discerner aujourd’hui dans ce dimanche si particulier, dans ce chaos que semble devenu le monde, devant tant de morts et tant de peines. Ces morts et ces peines, elles ne sont pas apparues brusquement mais nous avions longtemps oublié de les voir parce que souvent elles survenaient si loin dans un monde qui n’était pas le nôtre. Nous cherchons à discerner pas à pas dans la souffrance de l’isolement, dans l’inquiétude devant l’avenir, le chemin de salut que le Seigneur nous trace.

Voici qu’à la mort du Fils bien aimé le rideau du sanctuaire se déchira en deux manifestant la nouveauté. Voici qu’à la vue de ces évènements, le centurion et ceux qui avec lui gardaient Jésus furent saisis d’une grande crainte et dirent : « Vraiment celui-ci était Fils de Dieu ». En entendant ces mots, c’est comme si nous écoutions le prophète poursuivre le chant du psaume et nous répéter : « Tu m’as répondu et je proclame ton nom devant mes frères ». « Tu m’as répondu », et cette parole n’est pas prononcée par un disciple mais par un étranger, un soldat de la puissance occupante, un païen. Un instant l’univers avait semblé vacillé mais voici que par la puissance de la Croix, nous sommes ramenés à l’essentiel, au don du salut gratuit, à l’amour partagé et au partage nécessaire qui doit en surgir.

Seigneur contemplant le mystère de ta croix qui est le mystère de la souffrance dans notre monde, donne nous la force de proclamer ta victoire en discernant le royaume encore caché.