Jeudi de l'ocatve de Pâques, homélie de frère Marie
Le psaume nous a fait chanter :
« Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ? » Ps 8
C’est dans la lumière de la résurrection que nous adressons à nouveau avec le psalmiste cette question à Dieu. « Oui, qu’est-ce que l’homme, pour que tu penses à lui ? ».
Nous nous sentons si petit quand nous découvrons l’immensité de l’univers.
Nous admirons la beauté d’une fleur ou d’un coucher de soleil, nous aimerions figer ces instants, mais ils s’évanouissent, il se répètent, il nous renvoie à notre éphémère, à notre mortalité. Nous goûtons des moments de bonheur, mais il nous en reste qu’une mémoire, des souvenirs, des histoires. Nous aimerions des relations humaines saines, aimantes, harmonieuses et fraternelles, des relations durables et nous sommes confrontés à nos impuissances, nos limites, notre humaine fragilité. Et pourtant Dieu a insufflé en nous un désir de bonheur et d’éternité. Nous pressentons la grandeur et la dignité de l’humain mais nous faisons l’expérience que la découverte de notre humanité nous dépasse, car la vie nous est donnée et que seul l’auteur de la vie lui-même peut nous combler, nous faire comprendre. « Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ? ». La réponse est dans le mystère de Pâques que nous célébrons. Cette réponse vient de Dieu qui, en son Christ, investit pleinement notre humaine condition pour nous ouvrir à sa vie divine, cette vie divine dans son Esprit de vie et de sainteté qui donne lumière, sens et plénitude à la nôtre. A travers sa mort et sa résurrection Le Christ nous ouvre un chemin qui ne se refermera jamais et sur lequel il nous entraîne à sa suite.
Quand on parle de « résurrection » en référence à la foi chrétienne, on la pense le plus souvent comme notre être ressaisit tout entier pour une vie nouvelle et sans fin après la mort, dans la lumière de Dieu ou dans le ‘face à face’ comme on dit.
Mais ne s’agit-il que de cela, que d’une vie d’après, patiemment espérée ?
Ce passage s’ouvre aussi maintenant, au présent. Cette irruption de la Vie et de l’Amour du Christ dans notre aujourd’hui, refait alliance avec tout ce qui constitue notre vie. Son souffle vie, sa lumière sainte, son Esprit, nous font revisiter tous nos liens, présents, passés, ceux à venir. Ce passage devient un chemin de vie qui nous fait croiser le chemin des autres, croiser le chemin de la création, car Dieu passe en l’homme et l’homme en Dieu. Pâques c’est remettre de la vie, de la beauté, de l’amour, de la compassion et de l’espérance au cœur de notre monde. C’est le message d’aujourd’hui. Nous avons tous un petit quelque chose à faire, les petits ruisseaux font de grandes rivières.
« Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ? », voici que tu lui donnes infiniment au-delà de ce qu’il espère, tu lui donnes ta vie en plénitude.