5ème dimanche de carême – A, homélie de frère Bartomeu
Chers frères et sœurs, est-ce que nous voyons, ou sommes-nous aveugles ? Parce que Jésus est venu en ce monde pour rendre un jugement : que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles.
L’erreur des pharisiens qui écoutaient Jésus c’est que, du moment qu’ils disent : ‘Nous voyons !’, leur péché demeure.
Voici que les homes qui avaient voulu être comme des dieux, connaissant le bien et le mal (Genèse 3,5), maintenant disent : « Serions-nous aveugles, nous aussi ? »
Il faut donc plutôt que nous reconnaissions que nous ne voyons pas, pour que nous puissions voir.
Dans une hymne de ce temps de carême, nous chantons : “Comme à l’aveugle, ouvre mes yeux / Afin que je voie ta lumière.” (Hymne aux Vigiles le dimanche)
Voici qu’un aveugle de naissance nous montre le chemin ! « Afin que je voie ta lu-mière. » C’est seulement “sa” lumière, la « lumière du Christ » que nous acclamerons au commencement de la Veillée pascale, ce qui peut faire que nous voyions.
Mais quelle est cette lumière ? Saint Paul écrit : « Dieu qui a dit : Du milieu des té-nèbres brillera la lumière, a lui-même brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la con-naissance de sa gloire qui rayonne sur le visage du Christ » (2 Corinthiens 4,6).
Ce n’est donc pas la connaissance du bien et du mal ce qui peut faire que nous voyions, mais la connaissance de la gloire de Dieu qui rayonne sur le visage du Christ. N’est-ce pas sur le visage du Christ que se sont ouverts les yeux de l’aveugle de naissance ?
Mais, comment pourrons-nous accéder à cette connaissance ? Il faut que, comme l’aveugle, Jésus nous voie sur son passage. Il nous faut être près de Jésus, comme le larron crucifié avec lui.
La même hymne où nous chantons : “Comme à l’aveugle, ouvre mes yeux / Afin que je voie ta lumière”, dit aussi : “Comme du larron, prends pitié, / Dans ton royaume, sou-viens-toi.”
Il était bien lui de ceux qui ne voient pas, pour lesquels Jésus est venu en ce monde. C’est pourquoi, crucifié avec Jésus, il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » Et Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis » (Lc 23,42-43). Voici qu’il entrait au Paradis dont avait été chassé Adam, qui voulait connaître le bien et le mal.
Jésus est venu en ce monde pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles, comme il est venu non pas appeler des justes, mais des pé-cheurs (Matthieu 9,13).
Cherchons la compagnie de l’aveugle de naissance et du larron. C’est le chemin qui même à l’illumination du baptême. C’est le chemin du carême par lequel nous nous hâtons avec amour au-devant des fêtes pascales qui approchent. C’est toujours notre chemin, avec les pécheurs et les publicains dont Jésus était accusé d’être l’ami (Matthieu 11,19 ; Luc 7,34).
« Sous la conduite de l’Évangile, avançons dans ses chemins, afin de mériter de voir Celui qui nous a appelés dans son royaume » (Règle de saint Benoît Prologue, 21).