33ème dimanche A, homélie du P. Abbé Vladimir
Chers Frères et Sœurs,
Jésus parle en paraboles. Juste avant d’entrer dans sa passion, il nous parle du Royaume. Ce Royaume qu’il va inaugurer par sa mort et sa résurrection, ce Royaume caché et pourtant déjà présent et agissant, ce Royaume que nous attendons et pourtant pour qui déjà nous travaillons. Pour parler de ce mystère, il utilise le langage des paraboles. Celles-ci ne sont jamais une description ; nous ne pouvons pas non plus nous en servir pour juger et condamner les autres mais elles retentissent encore aujourd’hui comme un appel à la conversion adressé à chacun d’entre nous, un appel à devenir chaque jour davantage des fils de la lumière.
Voici que le Royaume est comme l’histoire d’un homme qui part en voyage, il appela ses serviteurs et leur confia ses biens, avec largesse et sans restriction aucune. Et il partit pour longtemps.
Toute vie chrétienne est une attente. C’est ce que nous disait la parabole des dix jeunes filles invitées au festin des noces que nous avons entendue dimanche dernier. Notre vie personnelle et communautaire est donc une espérance et une veille. Le Royaume nous est confié et nous sommes invités à lui faire donner son fruit. Cela a des implications très concrètes mais si l’agir et la manière de faire sont importants, c’est l’attitude intérieure, c’est la motivation qui nous permet de discerner ce qui nous fait avancer ou non.
Les deux serviteurs qui sont invités à entrer dans la joie de leur maître ont pris des risques. Aussitôt, sans délai, ils ont pris le risque de faire fructifier ce qu’ils ont reçu. En entrant dans l’action, ils auraient pu avoir peur de tout perdre. Un proverbe rabbinique antérieur à notre évangile dit en effet, qu’il est impossible de conserver en sécurité de l’argent sinon sous la terre. Ils n’ont pas recherché la sécurité. En vérité, ils se considèrent plutôt comme des associés de leur maître et ne gardent rien pour eux tant ils vivent dans la confiance, persuadés que leur sort et leur avenir est lié à celui de leur maître. En entrant dans la joie, ils deviendront comme des amis. Pour entrer dans la joie, prenons des risques.
Tout autre est le troisième serviteur, lui qui a peur et recherche avant tout la sécurité car il n’a pas confiance en son maître lui qu’il décrit comme moissonnant là où il n’a pas semé. Mais contemplant ce serviteur, utilisons le à notre profit pour discerner les moments où nous avons peur lorsque le manque de confiance nous empêche d’avancer dans la joie, lorsque nous n’avons pas confiance ni dans le don qui nous a été fait, ni dans les autres.
Chers Frères et Sœurs,
Aujourd’hui, l’église nous invite à célébrer la journée mondiale des pauvres. La Pape François dans son message pour cette journée utilise une phrase du livre de Tobie : « Ne détourne ton visage d’aucun pauvre ». Et si ces talents, nos trésors, c’étaient les pauvres. Grâce à eux le royaume est déjà présent et nous fait vivre. La charité, amour répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit ne doit pas y rester enfermée. Car c’est dans les autres, que le Christ vient à notre rencontre le plus objectivement.