logo fond

Index de l'article

Nuit de Noël, homélie du P. Abbé Vladimir Gaudrat

 

« Aujourd’hui vous est né un Sauveur qui est le Christ Seigneur »

Chers Frères et Sœurs,

Cette annonce de l’ange aux bergers retentit encore en cette nuit, toujours actuelle et réalisant ce qu’elle dit pour chacun d’entre nous. Comme le dit Saint Bernard, ce n’est pas seulement à Bethléem que le Christ nait mais aussi dans nos cœurs si nous adhérons de toute notre foi à cette parole. Nous marchions dans les ténèbres et le Seigneur nous a visité et c’est au signe de la crèche que nous le reconnaissons. Il y a ce que les yeux peuvent voir : un nouveau né dans une mangeoire sur qui veillent Marie et Joseph. Il y a ce que la foi découvre : Le Verbe s’est fait chair, Dieu se fait vulnérable. Le Fils Unique du Père est devenu premier né, il s’est fait notre frère. Dieu vient rejoindre l’homme, le Verbe se fait chair et c’est par une parole qu’il est reconnu lui qui s’est fait bébé vagissant. Cette parole nous invite à changer notre regard. Cette parole nous transforme. Cette parole nous sauve.

Contemplant cet enfant, nous voyons par quel chemin l’image de Dieu est en nous restaurée. L’amitié avec Dieu est restaurée par l’humilité puisque c’est l’orgueil qui nous avait fait perdre la ressemblance. Les langes du Sauveur sont plus précieux pour nous que n’importe quel bien sur terre et la crèche du Christ Seigneur plus glorieuse que les trônes des puissants qui se succèdent dans la vanité depuis l’empereur Auguste. En cette nuit où le Christ nait pour nous, il n’y a plus de crainte à avoir. Si Dieu est amitié comme le dit le cistercien Aelred de Rielvaux, il vient dans l’humilité comme pour nous accoutumer de nouveau à lui. Le Verbe de Dieu s’est fait fils de l’homme pour accoutumer l’homme à obéir à Dieu jusqu’à le saisir et lui devenir semblable. La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes, rétablissant cette paix que les anges chantent sur le monde en cette nuit. Mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère nous dit le psaume. Contemplant l’enfant de la crèche, nous apercevons ce que Dieu veut restaurer en nous au plus profond du cœur, cette image et ce désir de communion que le mal peut obscurcir sans jamais l’effacer.

Seigneur, nous voici devant toi comme les bergers, les mains vides et sans défense en écoutant la voix des anges dont notre liturgie est l’écho. Seigneur en cette nuit, fais que notre foi grandisse pour te reconnaître dans les pauvres et les humiliés, pour te reconnaître agissant en nous là où nous aussi nous sommes pauvres. Seigneur, fais grandir notre amour et notre désir de partager parce qu’en cette nuit tu as donné une dignité infinie à tous les pauvres que nous sommes. Et fais grandir aussi notre espérance, cette bienheureuse espérance dont parle Paul et qui nous fait déjà toucher un monde réconcilié.