2ème dimanche B, homélie de frère Marie
1S 3, 3b-10.19 ; Ps 39 ; 1Co 6, 13-20 ; Jn 1, 35-42
En ma bouche il a mis un chant nouveau, une louange à notre Dieu, nous a fait chanter le psaume. Un cœur de disciple ne peut vieillir s’il se laisse interpeller par la Parole vivante de Dieu, un cœur de disciple ne peut vieillir lorsqu’il demande : « Maître où demeures-tu ? ».
Un cœur de disciple ne peut vieillir lorsqu’il cherche à mieux connaître Dieu : « Mon cœur m’a redit ta parole, cherchez ma face !» Ps 26
La Parole de Dieu, dans une ouverture de foi, nous engendre à une réalité complètement nouvelle qui vivifie et transfigure toutes nos réalités humaines, imprégnées qu’elles deviennent de la présence de Dieu, de sa vie, de son amour.
Les lectures de ce dimanche nous redisent l’importance de la médiation que Dieu a choisie pour nous rejoindre au cœur de nos vies, la médiation de la Parole. Une Parole de Dieu donnée à travers la voix d’hommes et de femmes qui ont éprouvés une expérience de Dieu et l’ont transmise aux générations suivantes. D’hommes et de femmes qui ont suivi le Maître au cours de leur vie, qui ont appris à l’écouter pour demeurer avec lui et percevoir sa présence, une présence qui ouvre à la vie de Dieu et à notre transformation intérieure.
Le rapport à la Parole de Dieu est avant tout l’écoute. Le disciple apprend à écouter. Le jeune Samuel dans le temple du Seigneur à Silo entend le Seigneur l’appeler par trois fois, mais c’est le vieux prêtre Elie qui lui apprend à écouter : « S’il t’appelle, tu diras : Parle, Seigneur ton serviteur écoute ». L’écoute établi une relation vivante, une relation de choix.
Lorsque Jean le Baptiste désigne Jésus comme l’Agneau de Dieu, cela résonne immédiatement aux oreilles de ses deux disciples, Jean le Baptiste fait tout d’un coup surgir à leur vue l’Agneau qui court au long des Ecritures. Les disciples entendent et veulent voir de plus prés. Ce qu’ils ont entendu de la voix du Baptiste les attire, c’est un appel. Jésus va les faire passer d’entendre à écouter, dans une relation et un cœur à cœur. Ils veulent demeurer avec l’Agneau de Dieu : Maître où demeures-tu ? Demeurer avec le Maître c’est l’écouter, l’interroger, habiter sa Parole, se laisser habiter par elle et partager des manières de vivre, une amitié féconde. C’est cette demeurance dans la Parole du Maître, qui nous ouvre à l’expérience des Ecritures et à sa présence vivante, qui nous constitue en communauté de vie.
Le disciple apprend aussi à voir. Samuel à l’écoute de la parole de Dieu deviendra le voyant, qui pourra désigner l’action de Dieu en son temps. Jean le Baptiste regarde avec attention Jésus qui passe, qui va et vient, il contemple Jésus qui s’offre au regard pour être reconnu en vérité pour ce qu’il est, l’Agneau de Dieu qui vient en son temps. Les disciples veulent voir, et Jésus s’offre à leur regard, à leur contemplation, et Jésus aussi les regarde et les contemple, c’est le temps de la rencontre.
Voir, ce n’est pas seulement regarder et se faire une opinion, en attendant qu’on fasse ses preuves. Non, ici, voir c’est contempler, expérimenter une vie nouvelle. Le regard prend tout son sens dans une rencontre, un vis-à-vis. C’est s’appliquer à voir Jésus passer et repasser en nos vies à travers sa Parole écoutée, méditée jusqu’à en être émondés, évangélisés. « Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu », nous sommes appelés à cette vérité.
Voir ne peut se faire que dans une connaissance à travers un partage de vie. Ce n’est pas une théorie, comme le répètera l’évangéliste Jean, connaître c’est apprendre à aimer.
Ecouter, voir et annoncer. Nous avons trouvé le Messie, Christ, sous-entendu celui que les Ecritures annonçaient, dira le disciple André à son frère Simon et Simon à Nathanaël. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui une pastorale d’engendrement.
La parole du Ressuscité veut devenir par nos vies un chant nouveau, un chant à faire entendre aux attentes du monde.