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Fête de la dédicace de l'église N-D de Lérins, homélie du P. Abbé Vladimir

Chers Frères et Sœurs,

« Comme des pierres vivantes, entrons dans la construction de la demeure spirituelle ». C’est ce à quoi nous invite la deuxième lettre de Pierre en cette fête de l’anniversaire de la dédicace de notre église. Faire cela, c’est nous mettre à la suite du Christ lui qui est la pierre vivante par excellence rejetée par les hommes mais choisie par Dieu. « C’est en lui que toute construction s’ajuste et grandit ». L’édifice de pierres dont nous célébrons la consécration n’est que l’image, le signe qui nous appelle à construire l’édifice spirituel qu’est notre communauté, véritable lieu de la présence de Dieu. « En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. ».
La dédicace la plus importante, celle que nous célébrons aujourd’hui est donc celle de notre communauté. Saint Augustin dit que la dédicace de cette demeure spirituelle se réalise déjà en celui qui est notre tête, le Christ qui est à la fois pierre d’angle et fondations. Il nous faut alors dit-il « ne mettre rien avant le Christ, exactement comme on ne met rien avant les fondations . Ne mettre rien avant le Christ c’est déjà ce que saint Cyprien demandait aux chrétiens en commentant le Notre Père « Ne faire passer absolument rien avant le Christ parce que le Christ n’a rien fait passer avant nous ». Il nous a tout donné, il s’est fait péché pour nous et nous a donné la vie. C’est en suivant le chemin qu’il a ouvert pour nous, c’est en marchant sur ses traces que nous sommes par anticipation des habitants heureux de cette demeure qui descend du ciel, qui nous est donné. Le grand saint Antoine, le Père des moines, sortant de 20 années de solitude dans le désert n’a pas d’autre message à donner à ceux qui viennent le consulter : « Il disait à tous de ne rien préférer de ce qui est dans le monde à l’amour du Christ ».
Dans cette église où nous nous réunissons pour prier, pour louer Dieu et le supplier, exerçons nous donc à ne préférer absolument rien au Christ comme la Règle de saint Benoît nous y invite à son tour . Ce ne peut être qu’une démarche communautaire. Si nous avons été appelés, un par un, par notre nom pour construire cette demeure spirituelle, nous ne pouvons la construire que tous ensemble. Et si l’une des pierres vient à manquer, quelque chose assurément manquera à l’édifice. Ne rien préférer à l’amour du Christ. Pour saint Benoît cela s’incarne dans des actes bien concrets : « S’honorer et se supporter mutuellement avec une très grande patience, ne pas rechercher ce qui est utile pour soi, mais bien plutôt ce qui l’est pour autrui, s’obéir à l’envi ». Dans notre monde abimé et violent, mettons tout l’élan de notre désir à construire une demeure de paix, un lieu de communion. Efforçons nous de faire sans relâche ce qui non seulement nous profitera pour toute l’éternité mais nous fait déjà gouter quelque chose du Royaume qui vient. Voici que le Christ est là à la porte et qu’il frappe.