28ème dimanche-B, homélie de frère Bartomeu
Sagesse 7,7-11 – Psaume 89,12-17 – Hébreux 4,12-13 – Marc 10,17-30
Mes frères, beaucoup cherchent une sagesse, une sagesse qui rende leur vie pleine et épanouie. Mais, quelle est la vraie sagesse ? Voici que la Parole de Dieu aujourd’hui nous a parlé de sagesse. « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos cœurs pénètrent la sagesse. »
« Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants. » Écoutons-la. Chaque dimanche nous écoutons quatre pages de l’Écriture : de l’Ancien Testament, du Livre des Psaumes, du Nouveau Testament et de l’Évangile. Le psaume n’est pas un interlude entre deux lectures mais un texte par lui-même. Comme les autres lectures, il doit être proclamé et écouté avec attention. En fait, souvent dans le psaume nous avons une clé pour comprendre toute l’Écriture. Nous avons là aussi une initiation à la lecture et à la prière du Livre des Psaumes.
Reprenons donc le psaume que nous avons entendu aujourd’hui : « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos cœurs pénètrent la sagesse. » La vraie mesure de nos jours, nous le savons, est notre faiblesse, ce sont nos limites : qui d’entre nous – comme le disait Jésus – en se faisant du souci, peut ajouter une coudée à la longueur de sa vie ? (Matthieu 6,27 ; Luc 12,25).
Le livre de la Sagesse nous invitait à préférer celle-ci à toute richesse et à tout bien. Et nous avons entendu Jésus montrer à un homme riche ce chemin de sagesse : quitter tout, à cause de Jésus et de l’Évangile. En effet, la sagesse ne nous vient pas de notre faiblesse, mais du fait que, ayant tout quitté, nous suivons le Christ.
Que nous disait le psaume ? « Rassasie-nous de ton amour au matin, que nous passions nos jours dans la joie et les chants. » Seul l’amour du Seigneur peut nous rassasier. Lui seul nous donne des jours de joie, nous rend en joies les années où nous connaissions le malheur, nous fait connaître son œuvre et sa splendeur.
L’évangile en parlait comme d’un centuple. « Le centuple, en ce temps déjà… avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle. » Avec des persécutions ! C’est là le signe distinctif de la sagesse de Dieu par rapport à la sagesse de ce monde. La sagesse de Dieu, en effet, est « un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes. Mais pour ceux que Dieu appelle, qu’ils soient Juifs ou Grecs, ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu » (1 Corinthiens 1,23-24).
C’est encore la sagesse des béatitudes, que les sages de ce monde ne peuvent que trouver absurdes : « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi… » (Matthieu 5,11). Nous sommes bien les seuls à jouir du bonheur dans la vraie mesure de nos jours, à recevoir en joies nos jours de châtiment, à connaître son œuvre et sa splendeur, parce que c’est son amour ce qui nous rassasie au matin, c’est-à-dire jour après jour, puisque, comme le dit un livre aussi désolé que les Lamentations, l’amour du Seigneur se renouvelle chaque matin (Lamentations 3,23). « Consolide, Seigneur, pour nous l’ouvrage de nos mains. » Donne-nous, en ce temps déjà, le centuple, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle.