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Dimanche des Rameaux - B, homélie du P. Abbé Vladimir

Chers Frères et Sœurs,

Quel contraste apparent entre les cris de  la  foule, ceux qui marchaient devant et ceux qui suivaient, entre ce que nous chantions au début de notre célébration : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » et le cri que Jésus vient de pousser d’une voix forte : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonné ». Et pourtant, c’est du même mystère qu’ils nous parlent, celui du Sauveur, du Dieu fait homme qui est descendu rejoindre toute l’humanité.

« Béni soit le règne qui vient, celui de David » criait encore les foules mais là encore comme une aporie « l’inscription indiquant le motif de sa condamnation portait ces mots : Le roi des juifs ». Il est roi, Jésus notre sauveur, mais dans l’abandon, dans l’anéantissement. « Il ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. . . Il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix ». Il ne s’est pas dérobé, il a partagé jusqu’au bout le drame de la condition humaine pour en faire une dramatique divine source de salut.

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonné ». Mais l’on pourrait aussi traduire, À quoi, en vue de quoi, m’as tu abandonné. Jésus ne demande pas des comptes à son Père, mais c’est comme s’il contemplait pour le faire sien tout l’immense abandon des hommes du premier jusqu’au dernier, lui qui est  l’alpha et l’oméga. Il est abandonné à la condition humaine qui est parfois capable de toutes les horreurs possibles. Il est compagnon de cellule du prisonnier, il est à l’hôpital avec ceux qui meurent du COVID, il est sur le bateau du migrant qui se prépare à sombrer. Il va même jusqu’à nous poursuivre de son amour, chacun un par un, chacun par son nom, dans nos égoïsmes et nos refus. Il descend jusqu’au bout de la condition humaine pour lancer cette prière.

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonné ». Jésus prie et nous invite à prier ce psaume qui est comme un résumé de tout le psautier parcourant en entier tout le mouvement de la prière des hommes, de la lamentation à la louange, de la solitude à la communion, de la mort à la vie. Et si Pâques veut dire passage puisqu’après tout l’ange a sauté les maisons marquées par le sang de l’agneau pascal, alors que nous contemplons le Christ qui, élevé sur la croix,  remonte vers son Père, alors que le voile se déchire, écrions nous avec le centurion : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu » et laissons nous saisir par lui comme il veut saisir toute l’humanité pour la guérir, la consoler, la sauver.

Je proclame ton nom devant mes frères.