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Fête du Sacré Coeur de Jésus, homélie P. Vladimir Gaudrat

 

Chers Frères et Sœurs

« Un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau ». Par ce coup de grâce, le soldat s’assure de la réalité de la mort du Christ et nous, jusqu’à aujourd’hui nous sommes convaincus par le sang et l’eau de la réalité de l’humanité du Sauveur qui donne sa vie pour nous. Le sang et l’eau renvoient à ce qui est pour nous aujourd’hui et jusqu’à la fin source de vie, le sang à l’Eucharistie et l’eau au baptême. Ce n’est pas seulement la mort de Jésus dont nous avons l’attestation mais le fait que celle-ci nous donne la vie. Elle est le lieu où la communauté chrétienne nait par le baptême et le lieu où elle trouve la nourriture qui lui est nécessaire dans l’Eucharistie. Tout cela est l’œuvre de l’amour de Dieu qui est nous est révélé dans toute sa plénitude lorsque nous levons les yeux vers celui qu’ils ont transpercé.
L’amour de Dieu qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité se révèle dans un amour humain dont le cœur transpercé est le symbole. Cet amour, que nous célébrons aujourd’hui, que nous contemplons aujourd’hui dans la blessure du cœur demande de nous une réponse tout en rendant celle-ci possible. Comme le dit Saint Paul dans la lettre aux Philippiens, nous sommes invités à avoir en nous et entre nous les sentiments du Christ, ayant un même amour, un même cœur, recherchant l’unité. C’est cela notre identité chrétienne, rester enracinés dans l’amour, établis dans l’amour qui est l’amour même de Dieu manifesté en Jésus Christ et répandu dans nos cœurs par l’Esprit.
Et pourtant, l’amour n’est pas aimé, car nous le réduisons trop souvent à une question de sentiments, de sensations. L’amour est volonté, l’amour est action qui nous porte vers l’autre. Celui qui n’aime pas son frère, son prochain qu’il voit comment pourrait-il aimer Dieu qu’il ne voit pas.
L’amour n’est pas aimé, même dans nos communautés où nous avons tant de mal à accueillir ceux qui nous gênent, ceux dont nous considérons qu’ils sont des brebis égarées ou perdues. L’amour n’est pas aimé, il est méprisé dans les pauvres, les faibles sans défense, les enfants qui ne pourront même pas naître. L’amour n’est pas aimé, il n’est ni vu ni discerné dans les vieillards que l’on rend invisibles, les étrangers que l’on bloque à nos frontières et qui se noient ici, au large dans la mer et dans l’indifférence. L’amour n’est pas aimé, il n’est pas reconnu dans ceux par qui le Christ vient à notre rencontre. Et cet amour blessé qui veut donner la vie à tous, qui se comporte avec nous comme un Père avec son fils nouveau né comme le dit le prophète Osée, il attend juste de nous que nous commencions humblement, faiblement, en trébuchant, à notre mesure à lui répondre pour nous laisser ensuite transfiguré par lui.
L’amour n’est pas aimé. Peu importe que ce cri soit de saint François d’Assise ou de saint Claude La Colombière. Faisons le pourtant un peu notre en ce jour pour convertir nos cœurs et celui de nos frères.