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Messe de la nuit de Noël, homélie du Père Abbé Vladimir 

 

Chers Frères et Sœurs,

« Rien n’est impossible à Dieu ». Ce que nous avons entendu l’ange annoncer à Marie au matin, nous en voyons la pleine réalisation en cette nuit. « La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes ».
Elle s’est manifestée dans un enfant qui ne parle pas, dans sa faiblesse et sa fragilité. Dieu s’est fait pauvre et faible. Il nous fait comprendre que tous les pauvres quelle que soit leur pauvreté ont une place de choix dans son cœur. Il s’est humilié, il s’est anéanti pour manifester qu’il est venu, qu’il a dressé sa tente parmi les hommes non à cause de leurs prétendues richesses mais parce qu’ils étaient des pauvres. Il vient nous enrichir de sa pauvreté. Ce bébé vagissant, veillé par ses parents, entouré par deux animaux, sur qui se penchent les anges est reconnu par les bergers, ces gens de peu. C’est vers lui que les mages, ces étrangers se mettent en route. Il nous montre le chemin avec ce que Notre Père Saint Bernard appelle une humilité brûlante : « Il y a en effet écrit-il une humilité qui est le fruit brûlant de la charité ; et il est une humilité qui est le produit de la vérité et qui n’a aucune chaleur. La deuxième relève de la connaissance, la première du sentiment amoureux. . . Le Christ s’est anéanti, prenant la condition de serviteur et nous laissant l’exemple de l’humilité. Il s’est humilié non pas poussé par la nécessité de son jugement mais par charité pour nous ». En cette nuit, voici que nous sommes invités à passer de la honte, de la dureté du cœur dont il reste toujours quelque chose en nous à cette brûlure de l’humilité qui est celle de la charité. Ce Dieu si petit dont Thérèse de l’Enfant Jésus passée au creuset de l’épreuve affirmait que nul ne pouvait le craindre, voici qu’il est encore là en cette nuit tendant les bras vers nous et par nous vers toute l’humanité. Voici qu’il est là au milieu de nos peurs, des peurs de notre monde et elles sont légions. Voici qu’il cherche à atteindre tous les hommes jusqu’à ceux qui seraient tentés de se prendre pour Dieu ou plus exactement de se prendre pour la fausse image d’un Dieu tout puissant à la manière d’un homme. Voici qu’il est là pour nous désarmer comme l’annonçait le prophète : « Les bottes qui frappaient le sol, et les manteaux couverts de sang, les voilà tous brûlés, le feu les a dévorés ». Chers Frères et Sœurs, en cette nuit paisible, rendons les armes.

Et puisque nous sommes en Provence, nous voici ce soir autour de lui comme des santouns, des santons, ces petits saints puisque c’est ce que ce mot signifie. Ils entourent et se mettent en marche vers l’enfant dans la crèche.
Tous ensemble, nous ne sommes que de petits saints et même sans doute de drôles de saints mais cela n’aucune importance. L’important, c’est cet enfant pour qui il n’y avait pas de place dans la salle commune. Il nous rassemble et nous fait entrer dans la communion que seul l’amour peut donner. Cet enfant sans défense nous invite à la conversion. Ces petits saints que nous sommes, s’ils reconnaissent Dieu dans l’enfant, comme l’ont fait les bergers en repartiront tout autre. Puisque dans ces petits saints, même le bohémien et la bohémienne, figure de l’étranger trouvaient leur place ; puisque nous célébrons ce soir un salut donné à tous et qui fait de nous un seul corps, portons en cette nuit dans notre prière ceux qui sont aujourd’hui cette figure de l’étranger. Cette nuit, ils pourraient être l’érythréen ou le sud soudanais mais ils ne sont pas encore arrivés ici car ils sont encore bloqués à la frontière. Et ils nous manquent . . .

« Seigneur que ta lumière brille en nos cœurs. »