Ste Marie-Madeleine, solennité dans le diocèse de Frejus-Toulon, homélie de frère Marie
Très tôt dans l’Eglise, même si cela est encore discuté, la figure de Marie Madeleine a été identifiée à la femme pècheresse pardonnée qui baignait les pieds de Jésus de ses larmes, les essuyait avec ses cheveux et les oignait de parfum lors d’un repas chez un pharisien, et aussi à Marie de Béthanie qui assise au pied du Seigneur buvait ses paroles, elle aussi oignit Jésus d’un parfum précieux. Marie Madeleine nous est aussi présentée comme une disciple du Christ, délivrée par lui de sept démons, c’est dire comment Jésus a opéré en elle une conversion radicale, Jésus est devenu pour Marie Madeleine lumière de vie. Tout ceci nous dit quelque chose de l’action du Christ en nos vies quand nous confions à lui avec confiance et amour, quand nous nous nourrissons de sa parole.
Dans l’évangile de ce jour, après avoir été présente au pied de la croix, Marie Madeleine est présente au pied du tombeau de Jésus, dans le jardin. Elle est toute en larmes dans la perte de son bien-aimé, mais aussi dans l’incompréhension de cette disparition mystérieuse du tombeau vide, tout lui a été enlevé, elle ne peut plus rien saisir, ni même une dernière fois toucher les pieds de Jésus, même mort. Combien de vides parfois pouvons-nous ainsi expérimenter, ressentir, dans notre vie de foi ou d’espérance ? Comme Marie Madeleine nous avons été saisis par cette présence lumineuse, joyeuse du Christ, qui donne du sens à notre vie, et puis des évènements, des désillusions font que le bien-aimé c’est échappé, évanoui comme dans quelques tombeaux vides, que le mystère même de l’Eglise se retrouve obscurci comme s’il s’agissait d’un tombeau vide.
Alors Jésus s’approche à travers un visage autre, comme celui du gardien du jardin, Marie ne le reconnaît pas. Et voici qu’il l’appelle par son nom : « Marie ! », c’est la révélation de l’Alliance : " Je suis là, je serai toujours avec toi. "
Jésus est là, dans sa joie elle le saisit à nouveau ! Il ne va plus partir ! Elle veut le retenir.
- Ne me retiens pas, lui dit Jésus, je ne suis pas encore monté vers mon Père. Va chez les frères. Dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.
Il l’envoie.
Jésus l’envoi en mission, va chez les frères ! Nous voyons dans les évangiles de Marc 16,9-11 et Luc 24,9-11 que quand elle est allée annoncer qu’elle avait vue Jésus vivant, ils ne l’ont pas crue. Racontar de femmes. Mais Jésus lui dit : Va ! Et il nous dit aussi, va ! Va dans la communauté, va chez les frères. Aller chez les frères, témoigner de ce que l’on vit, de cette vie nouvelle que nous portons, est un risque, toujours un risque : Comment allons-nous être accueillis ? Et pourtant la vie communautaire est un lieu essentiel. C’est le lieu où Jésus nous dit : « Je vais vers mon Père et votre Père », le lieu où Jésus nous enseigne à dire notre Père. Le lieu où la vie nouvelle peut devenir témoignage de la résurrection du Christ, le lieu où le Christ en nos vies peut vaincre les barrières de divisions, les haines, tout ce qui est mortifère. Oui, c’est là que le Christ, tout comme Marie Madeleine nous envoie.