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Mercredi des Cendres 2019, homélie du P. Abbé Vladimir Gaudrat

 

Chers Frères et Sœurs,

« Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements » nous dit le prophète en nous invitant à revenir au Seigneur notre Dieu. Et ce qui est présenté par l’Écriture comme un oracle nous dit quelque chose de nous-mêmes en ce début du temps du carême.

Si nous devons déchirer nos cœurs, c’est donc qu’il y a dans notre cœur une déchirure possible, une déchirure souhaitable parce que celle-ci est bénéfique. Nos cœurs sont blessés par le péché, la convoitise, le refus de l’autre et tout un monde de passions qui nous agite et nous bouscule et le remède ne serait pas un cataplasme pour masquer le mal mais une déchirure. La blessure qui nous rend malade nous endurcit. Comme si nous avions un abcès, la guérison ne peut venir que d’une blessure d’humilité qui crève l’abcès de notre orgueil et de notre superbe. Elle est aussi cette blessure d’amour, de charité dont parlent nos pères cisterciens en commentant le Cantique des Cantiques. Elle seul peut en nous ouvrant la porte de la miséricorde guérir la blessure du péché. Cette blessure d’amour nait de celle du Christ qui bien que n’ayant pas connu la péché a été identifié par Dieu au péché pour que nous devenions juste. Si la blessure qui nous rend malade nait de la multiplicité des passions, celle qui nous guérit nait d’un regard unifié qui nous fait prier le Père dans le secret. D’un seul œil, pendant ce temps de carême regardons vers le Père tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour. Laissons nous toucher et blesser par l’Esprit qui nous ouvre à la connaissance de nous-mêmes.

Je ne sais pas très bien dans quel sens il convient de parler de cette déchirure. Ce qui est dit de nous convient à l’Église à moins que le prophète ne parle à l’Église pour parler à chacun d’entre nous. Aujourd’hui, en priant pour notre Église blessée par le péché et les passions, soyons convaincu que le remède n’est pas uniquement dans le discipline, le discernement voir le jugement mais dans cette déchirure du cœur que seul l’Esprit peut donner.
Nous allons recevoir les cendres. Que sont-elles sinon que le peu, le presque rien qui reste de nos passions lorsqu’elles passent dans le feu de l’amour de Dieu. Qu’elles soient pour nous une invitation à l’humilité qui est la vérité.