3ème dimanche de Carême - B, homélie de frère Marie
Jean 2, 13-25 ; 1 Corinthiens 1, 22-25
« Alors que les Juifs réclament des signes miraculeux, et que les Grecs recherchent une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié. » Oui, scandale pour les uns, folie pour les autres. Folie de Dieu, qui dépasse notre entendement.
Jésus dévoré par le zèle de la maison de Dieu, chasse les vendeurs du Temple. L’approche de la grande fête de Pâque représentait pour eux un commerce florissant. Et pourtant par le prophète Isaïe le Seigneur avait bien déclaré : « Que me fait la multitude de vos sacrifices. Le sang des taureaux, des agneaux et des boucs, je n'en veux plus. Quand vous venez vous présenter devant moi, qui vous demande de fouler mes parvis ? » « Ôtez plutôt de ma vue vos actions mauvaises, apprenez à faire le bien, à pratiquer la justice… ».
Jésus rappelle avec toute sa vigueur la véritable signification de ce lieu : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. » Oui, le Temple a pour mission d’être la maison de Dieu, la maison de prière.
Durant l’exode, à travers l’immensité du désert, Dieu se rendait présent à son peuple dans la tente de la rencontre, qui abritait l’Arche d’alliance et les tables de la Loi. Dieu nomade et compagnon de son peuple… En terre promise Salomon bâtit le Temple dans lequel fut transféré l’arche d’alliance, nouvelle tente de pierre. Temple de pierre qui ne peut contenir Dieu, mais sur lequel repose son Nom, un Nom accueillant. Un Nom destiné à tous les peuples de la terre.
Salomon éleva cette prière : « Si donc, à cause de ton nom, un étranger, qui n’est pas de ton peuple Israël, vient d’un pays lointain prier dans cette Maison, toi, dans les cieux où tu habites, écoute-le. Exauce toutes les demandes de l’étranger. Ainsi, tous les peuples de la terre, comme ton peuple Israël, vont reconnaître ton nom et te craindre. Et ils sauront que ton nom est invoqué sur cette Maison que j’ai bâtie. » Cependant ce Temple subira les vicissitudes de l’histoire d’Israël, il sera détruit, reconstruit. Et voici que Jésus annonce : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » Devant cette annonce qui semble insensée, l’évangéliste précise : Mais lui parlait du sanctuaire de son corps. Aussi, quand Jésus se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela, et ils crurent.
En Jésus, c’est la parole vivante de Dieu, dans le don d’Amour du Père, qui devient tente de la rencontre. Où tous sont accueillis.
Oui, c’est à travers le scandale d’un Messie crucifié que Jésus le Christ s’unit à nous et nous unit à lui à travers sa mort et sa résurrection.
Jésus nous révèle l’amour du Père, qui veut que, par le Fils, tous les hommes soient sauvés. Amour qui va jusqu’au bout, là où nous n’avons plus de mots, là où nous perdons pied, là où nos pensées, notre sagesse humaine est débordée par l’excès des pensées de Dieu, par l’excès de sa folie. Cette folie d’amour de Dieu qui est sagesse de Dieu. Contre toutes les apparences, il s’agit de vie. Et de grâce. Et de paix. Il s’agit, non pas du règne du mal que nous connaissons trop, mais de la victoire de l’amour. Dans le Temple nouveau de Dieu, Corps du Christ, vient se faire entendre et prendre en charge notre monde, avec toutes ses chutes et ses douleurs, ses appels et ses révoltes, tout ce qui crie vers Dieu, aujourd’hui, depuis les terres de misère ou de guerre, dans les foyers déchirés, les prisons, sur les embarcations surchargées de migrants…
Il s’agit aussi de l’espérance, qui jaillit de l’amour fou de Dieu et que le Christ Jésus nous partage dans l’Esprit Saint. Notre prière devient le fil conducteur de notre humanité réconciliée avec Dieu, en Jésus, d’une humanité qui espère se réconcilier entre elle. Fidélité invincible de Dieu à notre humanité qui fait de nous des temples saints.